La dépendance de la France et de l’Europe en général au soja OGM cultivé au Brésil, en Argentine, aux Etats-Unis fait consommer des OGM sans que nous nous en rendions compte.
Nous refusons de cultiver et de consommer des OGM mais une grande partie de nos aliments d’origine animale (viande, lait, oeufs, poissons…) sont produits à partir de soja génétiquement modifié. 95% du soja brésilien est génétiquement modifié, estime Greenpeace.
Sous-traitance des protéines
Au fil des années, l’Europe a entériné cette forme de sous-traitance agricole. Elle importe 13 millions de tonnes de protéines de soja (4 à 5 millions de tonnes pour la France) pour approvisionner les élevages de poulets, porcs, bovins, poissons. On estime que la dépendance en protéines de l’élevage européen est d’environ 60 à 70%, celui de la France d’à peu près 40%.
Ingrédient de la compétitivité
Le soja, d’une teneur élevée en protéines (le tourteau de soja comporte 50% de protéines) pour un prix accessible, est devenu l’ingrédient indispensable de la compétitivité des éleveurs. Ce faisant, les consommateurs français et européens, en mangeant une cuisse de poulet, un œuf, une tranche de jambon, etc. participent indirectement, à la déforestation des forêts tropicales amazoniennes. Simultanément, sans vraiment en avoir conscience, ils consomment des aliments à base d’OGM. Deux caractéristiques qui méritent à tout le moins de s’interroger.
Pas d’étiquetage obligatoire
La règlementation en matière d’étiquetage n’impose pas en effet de préciser que les aliments (lait, viande, œufs, poisson) proviennent d’animaux nourris avec des aliments génétiquement modifiés (les marques peuvent le préciser sur une base libre).
Seuls, les consommateurs de produits bio échappent à cette exposition indirecte aux OGM. Les intrants génétiquement modifiés sont formellement interdits dans l’élevage bio, à la petite marge d’erreur près (un produit transformé bio peut contenir 5% d’ingrédients non-bio, et dans ces 5 % se glisser une toute petite part d’OGM n’excédant pas au total 0,9% du produit).
Indépendance en protéines
Dans une période où la société s’interroge sur la fragilité économique liée aux spécialisations internationales, la question de l’indépendance en protéines se pose de nouveau. Le plan Protéines végétales et l’encouragement des cultures de colza, de soja (non OGM), de protéagineux (pois, féverolles…) vont une fois être remis au goût du jour. Mais si l’Europe veut retrouver ne serait-ce qu’une partie de son indépendance en protéines, il faudra que les consommateurs acceptent une hausse des prix de la viande, du lait, et des œufs.
Eric Allermoz
Sources : bioalaune