Les microplastiques, ces débris d’une taille inférieure à cinq millimètres, sont partout, dans l’air, dans la pluie et la neige, dans les mers et inévitablement dans notre assiette. Avec à la clef, un lot de contaminants problématiques.
Les microplastiques sont des polluants dont on a pas encore pris toute la mesure. Selon une étude de PloS One réalisée en 2014 (la situation s’est donc aggravée), il flotterait à la surface des mers et des océans, 5250 milliards de débris plastiques, soit 669 000 tonnes de plastiques.
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Polyéthylène, polypropylène, polystyrène
Chaque année, nos sociétés déversent entre 10 millions de tonnes de plastique dans les mers (certains évoquent même le chiffre de 30 millions), pour l’essentiel du polyéthylène (sacs plastique), du polypropylène, du polystyrène (protection des emballages). La Méditerranée hérite de 200 tonnes de plastique par an, ce qui en fait la mer la plus polluée du globe. Selon cet écotoxicologue de l’Ifremer, la densité de déchets plastiques sur ses fonds atteint parfois jusqu’à 1 million de débris par kilomètre carré.
1480 microplastiques dans un kilo
de produits de la mer
Toute la chaîne vivante du marin est atteinte. La conséquence est imparable : nous ingérons quantité de microplastiques, que ce soit via les produits de la mer, via l’eau….
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Des chercheurs de l’université de Victoria en Colombie britannique (Canada) ont publié en 2018 la synthèse de 26 études sur cette pollution plastique dans l’alimentation. Ils ont abouti au constat que nous ingérons environ 1480 microplastiques dans un kilo de produits de la mer, une centaine de particules dans une bouteille d’un litre d’eau.
5 grammes par semaine
Même des produits comme les céréales ou la volaille seraient porteurs de plastiques. Sur une année, on peut absorber de 40 à 50 000 particules de plastiques (70 à 120 000 si l’on prend en compte la contamination par l’air), soit l’équivalent de 5 grammes de plastiques par semaine ! L’étude avançait que les grands buveurs d’eau absorbent jusqu’à 90 000 particules supplémentaires par an.
Les nanoparticules
Ces minuscules particules de plastiques proviennent aussi bien des fibres de textiles synthétiques (rejetées lors des lessives) que des emballages (sacs, bouteilles…). Et l’on a pas encore tout mesuré. Les scientifiques commencent à rechercher les nanoparticules de plastiques d’une taille de quelques centaines de nanomètres (milliardième de mètre), recherches qui vont inévitablement confirmer l’omniprésence de la pollution plastique dans notre environnement et notre alimentation.
Concentrés de contaminants
Il semble de plus en plus probable que les microplastiques et les nanoplastiques soient à la fois porteurs des polluants constitutifs (chlore, plomb, colorants, retardateurs de flammes….) mais en outre qu’ils concentrent, tels des éponges à polluants, divers contaminants présents dans la mer (hydrocarbures, pesticides, métaux…). Peu de doutes non plus à ce que l’on trouve une concentration élevée de perturbateurs endocriniens. De futures recherches diront de quelles contaminations ce raz-de-marée de matières plastiques est responsable.
JC Nathan
Sources : Les prochaines épidémies viendront-elles du plastique dans les océans ?
Yann Verdo. Les Echos. 19 février 2021