Des microplastiques dans le poisson ou les fruits de mer. Cet aspect de la pollution qui a été peu étudié jusqu’à présent va devenir fortement d’actualité. Le déversement de quantités phénoménales de plastique dans les mers en est la cause.
Des microplastiques dans nos assiettes… La mer et les produits de la mer menacés. Une étude de la navigatrice Ellen MacArthur a rappelé l’ampleur des dégâts : près de 150 millions de tonnes de plastiques flottent dans les océans. Selon les scientifiques à l’origine de l’étude, les océans contiendront en 2025 une tonne de plastique pour trois tonnes de poisson. Si aucune action n’est menée, le poids des déchets plastiques sera supérieur à la masse des poissons en 2050. Une prédiction vertigineuse.
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La production de plastique
La production mondiale de plastique (311 millions de tonnes par an) a atteint des niveaux faramineux et elle pourrait encore se multiplier par trois ou quatre dans trente ans. Environ un tiers des déchets finissent dans la mer. Les récents chiffres sur la Méditerranée confirment la gravité de cette pollution. 600 000 tonnes sont déversées chaque année dans la Grande bleue. Pour cause de faible recyclage, la France rejette 80 000 tonnes de déchets plastiques dans la nature, dont plus de 10 000 finissent en Méditerranée.
Microplastiques inférieurs à 5 millimètres
Une partie de ces déchets se transforme en minuscules particules, des microplastiques d’une taille inférieure à 5 millimètres. Des chercheurs allemands de l’Institut Alfred-Wegener (AWI) ont identifié en Artique jusqu’à 12 000 particules de microplastique par litre, avec une grande diversité de plastiques (polyéthylène, polypropylène, peinture, acétate de cellulose, nylon, polyester.
Fixer les polluants
Les experts ne peuvent encore dire quelle est la gravité de cette pollution pour la vie marine et pour l’homme. Mais on peut difficilement espérer qu’elle soit sans dommage. Françoise Amélineau, biologiste à l’Institut Littoral environnement et sociétés (LiEnSs, université de La Rochelle), rappelle que « les plastiques ont tendance à fixer les polluants » et que la concentration en polluants augmente à chaque stade de la chaîne alimentaire (phénomène de bioamplification).
Dans les fruits de mer
Des chercheurs belges de l’Université de Gand estiment qu’un amateur de fruits de mer pourrait ingérer entre 2000 et 11000 fragments de plastiques (de moins de un millimètre) par an, les moules et les huîtres étant fortement contaminés par les microplastiques.
Des scientifiques américains de leur côté ont montré que les anchois qui habituellement se nourrissent de plancton, attirés par l’odeur des plastiques mêlés aux algues et aux bactéries de la mer, se nourrissent de ces particules plastiques. Si ce phénomène se vérifie, il va probablement confirmer les risques de bioaccumulation dans la chaîne alimentaire.
JC Nathan
Sources : Taux record de microplastique dans l’ocean arctique
WWF
Crédits : Public Domain Pictures