Les fameux ARN qui ont donné naissance à une génération de vaccins anti-Covid pourraient permettre un jour de traiter les allergies, dont les allergies alimentaires.
L’ARN messager (ou ARNm), ces fragments de cellules porteurs d’informations génétiques, va peut-être un jour servir à traiter les allergies. C’est l’une des pistes de recherches étudiées par le laboratoire unité 1262 Inserm-CNRS-Université de Limoges.
Dérèglement du système immunitaire
L’allergie est un dérèglement du système immunitaire. Celui-ci devient intolérant vis-à-vis de substances en principe inoffensives : les allergènes (acariens, poussières, poils, moisissures, pollens, latex, certains médicaments, certains aliments…). Les principaux aliments responsables d’allergies sont le lait de vache, les œufs, les arachides, divers fruits à coque, le sésame, certains poissons ou fruits de mer, certains fruits et légumes (kiwi, céleri…).
Une personne sur quatre est victime
On estime que plus d’une personne sur quatre est victime d’allergies, avec diverses manifestations cutanées (urticaire, dermatite) ou respiratoires (rhinite, allergies). Entre 2 et 5% des personnes ont des allergies alimentaires.
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Les allergies sont liées à l’intervention des lymphocytes T ou/et d’anticorps (des protéines du système immunitaire) qui viennent combattre les pseudo-assaillants. La majorité des allergies sont causées par la libération dans le sang, en présence d’un allergène, d’une catégorie spécifique d’anticorps, les immunoglobulines de type E (IgE). Ces anticorps sont fabriqués par le système immunitaire et circulent dans le sérum sanguin. Ils se retrouvent associés à diverses cellules du système immunitaire très présentes dans la peau, les poumons, le tube digestif.
Lorsqu’un allergène rencontre un anticorps immunoglobuline de type E (IgE), lui-même associé à une cellule défensive, il s’ensuit une réaction chimique intense qui provoque la réaction allergique.
Lire : Les allergies et le choc anaphylactique
ARN contre immunoglobuline de type E
Une voie de recherche s’ouvre avec les ARN messagers, ces molécules qui portent des informations essentielles sur les protéines dont notre organisme a besoin. C’est grâce aux ARN messagers (ARN : acide ribonucléique) qui « transcrivent » les gènes, que l’organisme parvient à synthétiser (produire) toutes les protéines indispensables. Ces ARNm utilisés pour les vaccins anti-Covid, pourraient peut-être un jour servir à enrayer les effets néfastes des anticorps de type immunoglobuline E (IgE), lors des allergies et de diverses autres affections.
Duper l’organisme
L’équipe de Laurent Delpy (unité 1262 Inserm-CNRS-Université de Limoges) qui mène dse recherches sur les immunoglobulines, a découvert une possibilité, grâce à un ARN synthétique, de duper l’organisme quand il se met à fabriquer ce type d’anticorps, de façon à ce que l’on évite le processus « incendiaire » de la réaction allergique.
Les tests réalisés sur des cellules humaines et des souris sont concluants et les chercheurs pensent que cette découverte ouvre de belles perspectives thérapeutiques.
Eric Allermoz
Sources : Inserm
Allergies, une piste de traitement à ARN