En 2015, aucun contenant alimentaire ne contiendra de bisphénol A, composant privilégié dans les emballages (biberons, conserves). L’interdiction de ce contaminant chimique relève de la santé publique, tant les effets de ce perturbateur endocrinien sont puissants.
Le bisphénol A, composant privilégié des industriels de l’emballage (plastique type polycarbonate utilisé pour les ustensiles ménagers, résines époxy pour le revêtement de boîtes de conserve ou les peintures) est un perturbateur endocrinien. Véritable contaminant chimique, le bisphénol A est un xéno-œstrogène (du grec Xénos, étranger) : il mime les effets d’un œstrogène naturel (l’oestradiol) et vient dérégler le métabolisme en impactant la fertilité, voire selon diverses études, le développement du système nerveux, ou le risque d’obésité.
Une empreinte à des doses infimes
Une récente étude menée par l’Inra de Toulouse et l’Université de TUFTS (Boston) semble confirmer les effets incroyablement puissants de ces molécules. Les scientifiques ont exposé des souris en gestation à des doses infimes de 25 milliardièmes de gramme par kilo et par jour. Ils ont ensuite mesuré la présence de petites molécules (métabolites) dans divers tissus (sang, foie, cerveau) au moyen d’une technologie très puissante, la Résonance Magnétique Nucléaire, et mis en évidence l’empreinte métabolique de ces doses infimes de bisphénol.
Exposition au cours des périodes sensibles
Selon les chercheurs de l’Inra, cette étude confirme que « de très faibles doses de substances chimiques sont susceptibles de moduler les équilibres métaboliques, lorsque l’exposition à des perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A se produit au cours de périodes sensibles (durant la croissance intra-utérine ou peu après la naissance). » C’est une nouvelle pièce à charge contre ce composant de matières plastiques banalisées dans la vie quotidienne.
Des questions sur le substitut
L’incrimination du bisphénol A en tant que perturbateur endocrinien pose plusieurs questions. Primo, dans quelle mesure une génération ou deux générations de consommateurs ont-elles été touchées par ce contaminant chimique.
Secundo, vers quel composant les industriels se dirigent-ils pour remplacer le bisphénol A. Des chercheurs ont déjà commencé à montrer que le substitut évoqué, du bisphénol C, était largement aussi nocif.
A lire sur le site : le bisphénol A
Source : http://presse.inra.fr/Ressources/Communiques-de-presse/exposition-bisphenol-A
Référence de l’étude : Nicolas J. Cabaton, Cécile Canlet, Perinaaz R. Wadia, Marie Tremblay-Franco, Roselyne Gautier, Jérôme Molina, Carlos Sonnenschein, Jean-Pierre Cravedi, Beverly, S. Rubin, Ana M. Soto, and Daniel Zalko Low Doses of Bisphenol-A Disrupt the Metabolome in Perinatally Exposed CD-1 Mice, Environmental Health Perspective, 21 février 2013