
Face aux nombreux dérèglements de l’organisme subis pendant un cancer et son traitement, il est essentiel d’adopter une stratégie pour continuer à manger et à prendre du plaisir, malgré le cancer.
La plupart des personnes atteintes de cancer et ayant entamé des traitements, connaissent de sérieux problèmes d’alimentation, donc de dénutrition et d’affaiblissement de l’organisme qui vont nuire à leur guérison. Selon certaines statistiques, un malade sur deux atteint d’un cancer ORL, du rein, de la vessie, de l’œsophage, de l’estomac et du pancréas, a un risque de dénutrition.
Perte d’appétit et anhédonisme
De multiples dérèglements concourent à cette situation : la fatigue, des problèmes digestifs (diarrhée, constipation, ballonnements…), les nausées, des dérèglements du goût ou de l’odorat, ou d’autres soucis (aphtes, gingivites…). Le plus souvent, les malades changent leurs habitudes alimentaires. Ils perdent en partie l’appétit, prennent de plus petites portions. Dans les cas les plus problématiques, les patients souffrent d’anhédonisme lié au repas, c’est-à-dire la perte de capacité à ressentir le plaisir. Manger suscite l’appréhension et la crainte d’un mauvais moment à passer.
La pente de la dénutrition et de l’anémie
Cette nouvelle problématique est d’autant plus fâcheuse que la maladie s’accompagne souvent d’un dérèglement du métabolisme et de la surconsommation de nutriments par l’organisme en difficultés. Nombre de patients basculent insidieusement sur la pente de la dénutrition, de l’anémie et de l’affaiblissement. Les impacts sur l’image de soi et le moral sont fréquents et dommageables. Pour contrer cette dégradation, il faut adopter une véritable stratégie alimentaire.
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La prise de protéines
Comment continuer à bien manger pendant un cancer ? Selon Philippe Pouillart, docteur en immunopharmacologie et expert en nutrition, en particulier dans le contexte des soins oncologiques, il est nécessaire de privilégier la prise de protéines et de favoriser l’assimilation de ces protéines grâce à d’autres nutriments et micro-nutriments : glucides simples, glucides complexes, lipides tels que les acides gras alpha-linoléniques (les oméga-3), de vitamines, minéraux, phytonutriments (épices, herbes aromatiques).
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Le mode de prise alimentaire doit aussi sans doute être repensé. Beaucoup de patients préfèrent plusieurs collations plutôt que des repas copieux. La chronobiologie a probablement son importance. Le métabolisme serait plus propice en début de journée à la bonne assimilation de ces apports. « Pour éviter la dénutrition en oncologie, l’idéal est de s’orienter vers un apport protéique de 70 % sur la première partie de la journée (petit déjeuner et déjeuner).
Fromages à forte teneur en protéines
Pour ceux qui peinent à manger de la viande (ou du poisson), il ne faut pas oublier que certains fromages sont à forte teneur en protéines : le parmesan (36% de protéines), le comté, l’emmental, certains fromages de chèvre ou de brebis… Et pour les patients trop démunis, il est possible de recourir aux protéines en poudre achetables en pharmacie ou dans des magasins spécialisés. On peut par exemple ajouter des poudres de collagène ou de protéines lactosériques à des purées.
A cette orientation en faveur des protéines, on jouera sur diverses déclinaisons nutritives et culinaires (utilisation des épices, jeu sur les saveurs, les textures, esthétique…) adaptées aux maux de chacun (fatigue, écoeurement, dérèglements divers du goût ou de la digestion…) pour maintenir une relation agréable à la nourriture, source de vie et de plaisir. Par chance, des médecins et des chefs ont travaillé sur la question.
Aurélie Laroche