Plus les recherches avancent, plus le bisphénol A, perturbateur endocrinien, se révèle dangereux en particulier pour les personnes à risques, embryon-bébé et femme enceinte. Mais les substituts sont d’ores et déjà suspects.
Le bisphénol A est interdit depuis janvier 2013 en France dans les conditionnements de produits alimentaires destinés aux enfants de moins de trois ans. L’interdiction totale pour l’ensemble de la population sera effective au 1° janvier 2015. Mais les derniers avis scientifiques (en particulier celui de l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) pousse les pouvoirs publics français à accélérer le retrait de cette substance.
Risque de tumeur
L’Anses estime ainsi que les enfants à naître, de mères exposées au bisphénol A, risquent une modification de la glande mammaire et, à terme, un développement de tumeur. L’essentiel de l’exposition liée à l’alimentaire proviendrait des revêtements en résine époxy des boîtes de conserve et des grosses bonbonnes d’eau en polycarbonate. Une autre source étant liée aux tickets thermiques (tickets de caisses, tickets bancaires).
Pas de remplaçant universel
Par quoi remplacer ce composant chimique présent dans un nombre impressionnant d’emballages plastiques et d’objets de la vie quotidienne (canettes, bouteilles, conserves, biberons, vaisselle pour enfants…) ? Le problème relève du casse-tête car il n’existe pas de remplaçant universel et les substituts éventuels s’avèrent déjà suspects. L’Anses a identifié 73 familles de substances susceptibles de prendre le relais du bisphénol A dans ses usages pour le polycarbonate, les résines époxydes, le papier thermique. « Les données toxicologiques actuelles sur les substituts ne sont pas suffisantes pour prouver leur innocuité », a expliqué Marc Mortureux, directeur général de l’Anses, qui a appelé à la plus grande prudence en matière de substitution.
De forts soupçons sur les remplaçants
Or, certains bisphénols cousins, comme le bisphénol S (BPS), non règlementés et donc en usage libre, ont commencé à remplacer le bisphénol A, alors que de forts soupçons pèsent déjà sur eux. Ce serait le cas dans les tickets de caisse (et autres facturettes, tickets de cinéma et de concert, etc), ou les biberons. Dès le mois d’août 2011, une étude de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) soulignait l’activité de perturbateur endocrinien du bisphénol S utilisé pour fabriquer du polyethersulfone (PES) en remplacement du polycarbonate. Une étude plus récente de l’Université du Texas confirme les effets délétères du bisphénol S.
J-C Nathan
A lire aussi : Bisphénol A : perturbateur endocrinien pour le fœtus et le bébé à doses infimes
Sources :
Anses : aucune alternative ne se distingue pour remplacer le BPA faute d’innocuité prouvée. Rachida Boughriet.www.actu-environnement.com
Le bisphénol S pire que le bisphénol A? Marine Jobert. 6 février 2013. Journal de l’environnement
Bisphenol S Disrupts Estradiol-Induced Nongenomic Signaling in a Rat Pituitary Cell Line: Effects on Cell Functions. René Viñas and Cheryl S. Watson
Department of Biochemistry and Molecular Biology, University of Texas Medical Branch Galveston, Texas, USA