Plusieurs poissons de mer ou d’élevage courants (sardine, maquereau, saumon…) ainsi que des poissons de rivière sont porteurs de contaminants lourds. C’est une réalité et le consommateur doit limiter leur place dans son alimentation.
Des poissons de consommation courante (saumon, sardine, truite, maquereau, hareng…) et divers poissons de rivière sont porteurs de contaminants lourds (dioxines, PCB, méthyl-mercure…). Les poissons d’élevage (saumon, truite…) sont touchés car ils sont en majorité nourris avec des produits de la mer (farine, huile de poissons), eux-mêmes contaminés.
Risques toxicologiques connus
Les risques toxicologiques de ces contaminants chimiques sont connus : perturbateurs endocriniens, effets cancérigènes possibles, risques sur le développement du fœtus et du jeune enfant et son système nerveux central. Ils ont fait l’objet de nombreuses études scientifiques et de recommandations officielles de la part des autorités sanitaires.
Le lait et les poissons, vecteur principal des toxiques
Les dioxines et les polychlorobiphényles (PCB) sont des polluants organiques persistants (POP) : des substances toxiques qui s’accumulent de façon persistante – parfois pour des centaines d’années – dans les organismes vivants (plantes, poissons, fruits de mer…) et se retrouvent dans les aliments (le lait par exemple). Ces contaminants se concentrent dans la chaîne du vivant, et l’homme finit par les absorber. Avec le lait, les poissons sont le principal vecteur.
Des contaminants qui se concentrent dans les graisses
PCB et dioxines sont en effet liposolubles. Ils ont donc tendance à se concentrer dans les poissons gras (saumon, sardines, hareng, maquereau..- et dans certains poissons bio-accumulateurs (anguille, barbeau, brème, carpe, silure). Notons que le débat se focalise souvent sur le saumon d’élevage alors que la sardine afficherait une concentration moyenne de PCB trois fois supérieure au saumon (35 ng/g lipide contre 12 ng/g lipide), selon l’étude Calypso.
Chlore et transformateurs électriques
Les dioxines proviennent de réactions chimiques et de combustions incomplètes de produits contenant du chlore, liées par exemple aux incinérations de déchets. Les polychlorobiphényles sont des matières plastiques très utilisées au milieu du XX° siècle pour la fabrication des transformateurs et condensateurs électriques. Ils contaminent l’air, les sols,la mer et se stockent dans les sédiments et les organismes vivants. La Mer Baltique est l’une des plus polluées aux PCB.
Pas plus d’une portion de poisson gras par semaine
Les risques présentés par une exposition à ces contaminants sont officiellement reconnus. Le ministère de la Santé, via l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation,de l’environnement et du travail) a édicté des recommandations strictes en matière de consommation : ne pas consommer plus de deux portions de poissons par semaine, dont une seule de poisson gras (saumon, sardine, maquereau, hareng, truite fumée), varier les espèces de poisson et les lieux d’approvisionnement (sauvage, élevage, lieux de pêche etc…).
La prudence est renforcée avec les poissons de rivière dits bio-accumulateurs (anguille, barbeau, brème, carpe, silure). Les autorités demandent de ne pas en consommer plus de deux fois dans le mois (population générale) et une fois tous les deux mois pour les populations à risques (enfants de moins de trois ans, fillettes, adolescentes, femmes en âge de procréer, femmes allaitantes).
Oméga 3 et contaminants
La communication des autorités sanitaires emprunte ainsi un passage très étroit. D’un côté, elles encouragent la consommation de bonnes matières grasses, en l’occurence les Oméga 3 à longue chaîne (EPA, DHA…) qui jouent un rôle important de prévention contre les maladies cardio-vasculaires et sont nécessaires au fonctionnement du cerveau et du système nerveux central. De l’autre, elles doivent veiller à ne pas surexposer la population à de dangereux contaminants chimiques.
Bernard Duran
Sources : Manger du poisson : pourquoi ? comment
www.anses.fr
« La Norvège reconnaît que son saumon peut être dangereux pour la santé » ? Un modèle de désinformation. 26 juin 2013. Jean-François Narbonne. www.huffingtonpost.f
Photo : UPPIA