Une nouvelle variété de riz OGM, le riz doré, affiche une promesse sans précédent : pallier les graves carences en vitamine A d’une grande partie de la population dans le monde. Elle est rejetée violemment par Greenpeace et diverses associations anti-OGM.
Le riz doré (Golden rice) est un riz transgénique modifié pour produire du bêta-carotène, précurseur de la vitamine A. Des suites d’une alimentation déséquilibrée (manque de produits laitiers et d’œufs, de fruits et de légumes), des pans entiers de la population mondiale sont gravement carencés en vitamine A.
Cause de cécité
Le manque de vitamine A affaiblit le système immunitaire et entraîne la cécité. Selon l’OMS, 500 000 personnes, dont 350 000 enfants deviennent aveugles chaque année à cause de ce manque nutritif. Entre 1,9 et 2,8 millions de personnes décèderaient à cause de cette carence, soit autant que le Sida et le paludisme réunis.
Une source de bêtacarotène
A la fin des années 1990, deux biologistes suisses, Peter Beyer et Ingo Potrykus, introduisent dans le génome de riz « naturel » quatre gènes impliqués dans la synthèse du bêta-carotène. Le bêta-carotène est un nutriment que l’on trouve dans les fruits et légumes qui permet à l’organisme de synthétiser la vitamine A dont il a besoin. Les biologistes parviennent à mettre ainsi au point du riz à bêtacarotène, d’une belle couleur dorée (d’où le nom riz doré), susceptible d’apporter de bonnes doses de vitamine A.
Il semble possible que ce riz transgénique, via sa composante bêta-carotène, permette un apport d’environ 30 à 35 mg de vitamine A pour 100 g de riz. C’est une toute petite partie de la dose recommandée par jour (600 mg) mais ce serait une source facilement disponible pour tout habitant de la planète.
Du riz pour redorer le blason OGM
Les biologistes suisses ont finalement « signé » avec AstraZeneca (devenu Syngenta) pour poursuivre les travaux de développement. Pour les grandes firmes agro-alimentaires, le riz doré est une fantastique opportunité de « redorer le blason » des OGM et de montrer le caractère « humanitaire » de leurs développements. Elles laissent envisager les bienfaits d’une nouvelle génération de plantes enrichies en vitamines et en minéraux, permettant de se rapprocher d’une alimentation équilibrée pour tous.
Manipulation
Les associations anti-OGM, Greenpeace en tête, crient à la manipulation. Le riz doré ne permettrait pas véritablement de combler le manque grave de vitamine A des populations concernées. Les associations dénoncent le manque d’études sur les incidences de ce riz OGM sur la santé et sur l’environnement. Elles refusent la mainmise de géants privés de la biotechnologie sur des recherches financées sur fonds publics.
Une évaluation difficile
Pour des observateurs extérieurs, le dossier est difficile à évaluer. Le riz doré est-il une avancée scientifique positive permise par les technologies transgéniques, injustement rejetée par des opposants systématiques ? Ou faut-il aussi se méfier de cet OGM qui éloigne du seul objectif important, à savoir l’essor d’une agriculture diversifiée et d’une alimentation équilibrée dans toutes les régions du monde. Le débat agite aujourd’hui la communauté scientifique et les médias.
Bernard Duran
Sources :
Le cas du « riz doré » rebat les cartes du débat sur les OGM
Olivier Dessibourg (Le Temps). www.lemonde.fr 04 décembre 2013
Photo : www.enviro2b.com