L’annonce de la ministre de l’écologie Ségolène Royal, concernant le Round-up, montre en contrepoint l’impuissance de la France à limiter l’usage de pesticides.
La ministre de l’Ecologie a dit qu’elle allait demander aux jardineries d’arrêter de vendre l’herbicide Round-up, produit-vedette de Monsanto, car la substance active, le glyphosate, a été reconnue cancérogène par le Centre international de recherche sur le cancer et par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Plantes tolérantes au glyphosate
Selon les scientifiques du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), le glyphosate est présent dans environ 750 produits à usage domestique ou professionnel ! L’usage du glyphosate aurait fortement augmenté depuis que les firmes phytosanitaires ont mis au point des plantes génétiquement modifiées tolérantes au désherbant glyphosate.
Coup de communication
L’annonce de Ségolène Royale laisse pourtant sceptiques certains connaisseurs du dossier (Générations Futures par exemple) selon qui il s’agit d’un coup de communication. Rien ne dit que les jardineries vont se retirer spontanément de leurs rayons un produit assez largement vendu auprès de millions de jardiniers amateurs, alors qu’aucune disposition règlementaire n’a été prise en ce sens. Par ailleurs, le nouveau plan Ecophyto 2 prévoyait déjà l’interdiction de la vente en libre service de pesticides au 1° janvier 2018.
Les résultants décevants de la France
Derrière l’appel vibrant du ministre de l’écologie, se profilent les résultats décevants de l’agriculture sur le plan environnemental. Le premier plan Ecophyto lancé en 2008 a largement échoué à atteindre l’objectif majeur de réduire de moitié l’usage des pesticides (la consommation a augmenté en réalité entre 2008 et 2013). La France reste un grand marché pour les firmes phytosanitaires (630 000 tonnes de pesticides environ en 2012), non sans conséquences pour la qualité des eaux et des terres, voire sur la santé de la population. Lire L’Agriculture toujours fortement utilisatrice de pesticides.
Les craintes de la science
Les craintes de la médecine et des scientifiques vis-à-vis des substances en cause ne cessent de croître. Rien que pour le glyphosate, le CIRC mentionne des risques accrus de cancer du sang (lymphome non hodgkinien), ou au vu des expériences sur les animaux, des dommages chromosomiques, cancer des cellules pancréatiques, etc. Monsanto réplique à ses détracteurs en traitant leurs rapports scientifiques de junk science (science poubelle).
Le plus inquiétant, c’est qu’au-delà des jeux de communication, il n’est pas certain que l’OMS ou les Etats (l’Europe, les Etats-Unis) soient encore en mesure de contrer des firmes de la puissance Monsanto et de stopper la diffusion planétaire de ces produits chimiques.
JC Nathan
Sources : www.terre-net.fr
www.lemonde.fr