Les protéines végétales ont souvent un profil en acides aminés incomplet qui suppose de mieux composer son alimentation. Ce principe, tous les spécialistes ne le partagent pas.
Une combinaison d’acides aminés spécifique
Les protéines sont des grosses molécules formées de chaînes d’acides aminés reliées entre elles. Chaque type de protéine est caractérisée par une combinaison et une composition spécifiques d’acides aminés (il en existe une vingtaine). Huit acides aminés (1) sont dits essentiels (non synthétisables), indispensables à l’homme et à trouver dans l’alimentation. Les végétaux apportent des protéines comme les aliments d’origine animale, mais avec des profils en acides aminés différents.
Certains aliments et les protéines qui les composent, par exemple l’albumine de l’œuf et la caséine du lait, contiennent les huit acides aminés essentiels dans de bonnes proportions. Ce n’est pas le cas par exemple des protéines du maïs (peu de tryptophane) ou du blé (peu de lysine). D’où le principe de combiner les apports protéiques végétaux pour « couvrir » tous les acides aminés essentiels.
Supériorité des protéines animales ou pas
Cette approche n’est pas partagée par tous. Selon le Docteur Jeff Novick, ancien vice-Président de la National Health Association, toute personne se nourrissant avec des produits végétaux naturels, non transformés et complets, et respectant un apport suffisant en calories, ne peut être carencé en tel ou tel acide aminé. Interrogé sur ce même sujet, Joe Millward, professeur de nutrition à l’Université de Surrey, a estimé qu’il était difficile de prouver la supériorité des protéines animales sur les protéines végétales, et que la question était peu pertinente en matière de nutrition humaine.
Risques d’une alimentation surprotéinée
Bref, le risque de carences en acides aminés essentiels, lié à une alimentation végétarienne, serait loin d’être aussi réel et aussi dommageable qu’on le prétend, estiment ces spécialistes. Ce débat fait l’objet d’une polémique depuis de nombreuses années. Argument fort des « végétariens », les conséquences sur la santé (notamment sur le plan cardiovasculaire) d’une alimentation très carnée ou trop protéinée sont bien plus inquiétantes. Il est effectivement avéré que les populations occidentales, de par leur niveau de vie, ont tendance à consommer trop de protéines et trop de protéines animales, ce qui est néfaste pour la santé.
Lire : Nicolas Le Berre, végétarien éclairé
(1) la phénylalanine, le tryptophane, la méthionine, la lysine, la leucine, l’isoleucine, la valine et la thréonine.
JC Nathan
Sources :
www.drmcdougall.com/misc/2007nl/apr/protein.htm
www.fao.org
http://www.cherrypepper.fr
Photos : Laurent Terradot / IBCP