La viande ne serait pas l’aliment dangereux pour la santé que l’on croit. Une étude prend à rebours les avis sur les effets nocifs de cet aliment carné. Belle polémique en vue.
La viande et la charcuterie sont-elles ou non sources de pathologies lourdes (problèmes cardiovasculaires, risques de cancer) ? Une étude récente parue dans la revue Annals of Internal Medicine prend à contrepied tous les avis mettant en garde contre la viande.
70 g de viande et charcuterie par jour
Les recommandations publiques en matière de nutrition en Grande-Bretagne fixent la limite à 70 g de viande et de charcuterie par jour. Le Fonds mondial de recherche sur le cancer et l’Institut américain sur la Recherche sur le cancer recommandent de consommer une faible portion de viande et très peu de charcuterie. Le CIRC (Centre international de recherche contre le cancer) a classé la viande comme probablement cancérigène et la charcuterie comme cancérigène. Une forte proportion de cancers colorectaux seraient liés à cet aliment carné.
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Des études avec des biais
Mais les études qui sont à l’origine de ces sonnettes d’alarme sont sujettes à critique. Pour évaluer les incidences de la consommation de viande, il faut se baser sur des études comportementales, dites observationnelles. On demande à des personnes d’observer leur alimentation, de noter ce qu’elles consomment durant plusieurs années, et l’on observe l’évolution de leur santé, l’apparition de pathologies.
Bien entendu, les biais de ce type d’études sont nombreux. Par exemple, un consommateur de viande peut aussi consommer d’autres produits à risques (matières grasses saturées, alcool…) ou pas assez de produits bons pour la santé (fruits, légumes…), ce qui va avoir des incidences santé. Les chercheurs tentent de corriger ces distorsions mais ils ne peuvent éliminer tous les biais.
Gros consommateurs : une moins bonne santé
Les scientifiques à l’origine de l’étude parue dans Annals of Internal Medicine ont analysé un ensemble d’études sur la viande, en éliminant les études observationnelles et en privilégiant des études dites interventionnelles, où l’on change l’alimentation pour en étudier l’impact. Le résultat vient nuancer fortement les études alarmistes de ces dernières années.
Un risque statistique négligeable
Le constat principal que les gros consommateurs de viande sont en moins bonne santé que des consommateurs modérés n’est pas contredit. Il semble qu’on observe une petite baisse de prévalence de cancers ou de maladies de type diabète 2. Mais avertissent les auteurs, l’incidence statistique est négligeable. Par exemple, le risque de développer un cancer au cours de la vie passerait de 0,35% (consommation modérée de viande) à 0,41% (consommation élevée de viande). Bref, cela ne vaudrait pas le coup de se priver.
De leur côté, les experts « anti-viande « persistent : un petit consommateur de viande a sans doute peu de bénéfices à réduire encore cette consommation; en revanche, les gros consommateurs (plus de 500 g de viande et plus de 150 g de charcuterie, par semaine) ont tout intérêt à calmer le jeu.
JC Nathan
Sources : www.lepoint.fr