La fusion entre Bayer, groupe chimique et pharmaceutique allemand, et l’américain Monsanto est une mauvaise nouvelle pour les agriculteurs et l’environnement.
Si les pouvoirs publics américains donnent leur feu vert à cette opération (ce qui n’est pas sûr), l’agriculture mondiale sera définitivement entre les mains de trois à quatre géants de la chimie (Monsanto-Bayer, CHemChina-Syngenta, Dow Chemical-DuPont), qui imposeront leurs produits et leur mode de développement.
Bayer, puissance incontrôlable
Sur le papier, Bayer pèserait 23 à 24 milliards de dollars de chiffre d’affaires rien que dans le secteur agricole. Or, la capacité d’un groupe à influer sur le marché et sur les états est indiscutablement liée à son poids économique. Bayer est en train d’édifier une puissance incontrôlable capable d’imposer un modèle agricole dominant très discutable. Un modèle reposant sur l’utilisation d’un ensemble de semences génétiquement modifiées, d’engrais et de pesticides combinées à ces plantes génétiquement modifiées. Lire Plantes génétiquement modifiées et OGM aux portes de l’Europe. Un modèle qui recourt à des insecticides d’une puissance gigantesque, tels que la génération des néonicotinoïdes fortement soupçonnés de décimer les abeilles et autres pollinisateurs.
800 000 tonnes de Roundup par an
L’Union européenne a eu toutes les peines du monde à résister aux assauts de Monsanto et à ses tentatives de banaliser les semences génétiquement modifiées. Quant à l’herbicide Roundup (molécule active : le glyphosate), il est désormais déversé à hauteur de 800 000 tonnes par an dans le monde, polluant gravement les sols et les eaux souterraines et induisant des effets nocifs sur la santé encore mal appréhendés (rappelons qu’il a été classé cancérogène probable par le Centre international de recherche sur le cancer – Circ). Lire Le Roundup, un herbicide inoffensif
Lobbying et chantage économique
Une fois que les OGM et le Roundup seront fabriqués par Bayer, groupe allemand, il y a fort à parier que la Commission européenne, et derrière elle les états européens, seront encore plus enclins à se montrer conciliants avec cette agrochimie. Autant dire que les représentants d’une « autre » agriculture et les défenseurs de l’environnement ont raison de s’inquiéter de l’émergence de ces géants, capables de faire plier les Etats les plus puissants par le simple jeu du lobbying et du chantage économique.
JC Nathan
Sources : http://www.lemonde.fr
http://www.latribune.fr
Photo : http://lesmoutonsenrages.fr