L’interdiction des néonicotinoïdes en France est une bonne nouvelle pour les abeilles, les pollinisateurs, la biodiversité, et probablement la santé des Français.
Les députés viennent de voter à la mi-mars l’interdiction des néonicotinoïdes. L’interdiction prendra effet à compter du 1° septembre 2018 sur l’ensemble des cultures, si le Sénat entérine ce vote en seconde lecture. C’est incontestablement une victoire des défenseurs des abeilles et des pollinisateurs et de la biodiversité, tant ces pesticides semblent dangereux pour l’environnement.
Gaucho et Cruiser
Les molécules néonicotinoïdes sont apparues dans les années 1990. Le plus connu des néonicotinoïdes est l’imidaclopride, commercialisé sous le nom de Gaucho (Bayer), aujourd’hui largement utilisé en France sur les céréales (blé, orge, avoine…). Autre néonicotinoïde, le thiaméthoxam, connu sous le nom de Cruiser (Syngenta). Lire aussi : Pesticides : des substances hautement toxiques
Choc neurotoxique
Ces insecticides dits de la troisième génération tuent presque instantanément les insectes par choc neurotoxique (la substance se fixe sur des récepteurs neuronaux et perturbe les neurotransmetteurs de façon mortelle), et cela à des doses très faibles. Il suffit de 10 à 50 grammes de matière active pour traiter un hectare !
Selon un toxicologue du CNRS, les néonicotinoïdes sont 6 000 fois plus toxiques pour les abeilles que le DDT. Cette puissance n’est pas anodine. L’insecticide tue très probablement d’autres insectes que les insectes ravageurs. Par exemple, des abeilles et toutes sortes de pollinisateurs sauvages. « Environ 300 000 colonies d’abeilles domestiques périssent chaque année », estime Henri Clément, ancien président de l’Union nationale de l’apiculture française (l’Unaf), pour qui la responsabilité des pesticides est indéniable.
Dangereuses pour le vivant
Le soupçon de plus en plus partagé est que ces molécules chimiques, « dissimulées » sous le terme vague et fourre-tout de pesticides, sont beaucoup plus dangereuses pour le vivant qu’on ne l’imagine. Parce qu’elles portent atteinte aux pollinisateurs et donc à la reproduction des plantes à fleurs. Parce qu’elles persistent dans l’environnement, en particulier dans les cours d’eau, contrairement à ce que les firmes de l’agrochimie affirment. Parce qu’elles se retrouvent dans l’organisme humain, induisant des effets possiblement cancérogènes. Lire aussi : Pesticides et cancers : les indices s’accumulent.
JC Nathan
Sources :
Les députés votent une interdiction des pesticides tueurs d’abeilles
www.lemonde.fr
Les abeilles, la planète et le citoyen. Bernard Duran. Editions Rue de l’échiquier.
Photo : Franck Rumpenhorst DPA/ AFP