Les consommateurs qui achètent des fraises espagnoles en grande surface à moins de deux euros le kilo devraient se poser des questions.
En commercialisant à la mi-mars 2014 des barquettes de 500 g de fraises à 0,79 euros, soit 1,68 euros le kilo, l’enseigne Auchan ne rend pas service aux maraîchers ni aux consommateurs. Elle fausse le marché et donne une image low-cost de la fraise.
Prix artificiel
Le prix affiché par Auchan n’est pas un « vrai » prix permettant de rémunérer un agriculteur et des intermédiaires. C’est un prix de dumping ou prix d’appel pour attirer la clientèle. Preuve que ce prix est artificiel : la même barquette de fraises est proposée au consommateur espagnol à 1,85-1,90 euros (3,80 euros le kilo), soit le double.
Le prix d’une fraise de qualité
L’initiative de Auchan est à la fois un coup de marketing et sans doute une tentative de faire pression sur les prix des producteurs français. Car, par comparaison, les prix des fraises françaises peuvent paraître prohibitifs. En début de saison, un kilo de fraises de qualité (Gariguette, Ciflorette, Charlotte, Rondes…) peut varier entre 8-9 et 12 euros le kilo. En pleine saison, les prix se calment un peu aux alentours de 6-7 euros. Mais à ce prix-là, le consommateur goûte les vraies saveurs de la fraise.
La Camarossa, deux fois plus productive
Si la fraise espagnole est peu cher, c’est liée à la variété – la Camarossa-, deux fois plus productive que les variétés françaises, aux modes de culture et au coût de la main d’œuvre. En matière phytosanitaire, les Espagnols sont bons « derniers de la classe », respectant le minimum de la réglementation européenne sur les pesticides. Les pratiques culturales en Andalousie, dans la région de Huelva, sont édifiantes (usage de substances chimiques très nocives comme le bromure de méthyl, chloropicrine…).
Normes environnementales exigeantes
En France, les maraîchers tentent de suivre des normes environnementales exigeantes, éliminant des substances classées comme dangereuses, et encourageant dans les serres la lutte biologique intégrée (Lire La fraise). Même si les pesticides n’ont pas totalement disparu comme semble le montrer une enquête récente de Générations Ecologie (Lire Des fraises contaminées aux pesticides), on va globalement dans le bon sens, celui de la qualité.
« Si l’on veut préserver la qualité, les 30 000 entreprises et les 200 000 emplois du secteur maraîcher, le consommateur doit accepter de payer un prix normal », avertit Jacques Ronchaussé, président de la fédération Producteurs de Légumes de France.
JC Nathan