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La tomate industrielle, celle des sauces et des pizzas, suit des circuits mondiaux peu recommandables passant par la Chine ou l’Italie mafieuse.
La tomate industrielle – utilisée dans les sauces tomates pour les pâtes et les pizzas notamment – obéit à des logiques commerciales inquiétantes. C’est le résultat d’une enquête menée par un journaliste, Jean-Baptiste Malet qui publie « L’empire de l’or rouge », chez Fayard.
Heinz, champion du Ketchup
La tomate en conserve est un aliment consommé dans le monde entier : 5 kg par an et par habitant en moyenne, principalement sous forme de concentré de tomate et de sauce. La production mondiale est estimée à 130 millions de tonnes. Heinz, champion du Ketchup, achèterait 5% de la production mondiale de tomates industrielles. Kraft, Nestlé, Campbell Soup sont aussi de gros utilisateurs de tomates industrielles.
Mais contrairement à l’image d’un sympathique légume du sud, une forte proportion de tomates utilisées par les industriels ne proviennent pas des serres et des potagers du sud de l’Europe ou d’Afrique.
La Chine, grand producteur de tomates industrielles (40 millions de tonnes, soit presque un tiers de la production mondiale), à partir de la province de Xinjiang, fournit les industriels du monde entier. Cet effet banal de la mondialisation pose pourtant quelques problèmes.
Le tomato business, 13 à 15 milliards d’euros par an pour la mafia italienne
D’abord, les conditions de travail peu enviables des paysans chinois et l’exploitation des enfants, dont témoigne le journaliste Jean-Baptiste Malet. D’autre part, l’implication de la mafia italienne dans l’industrie de la tomate. L’organisation criminelle brasserait dans le « tomato business » quelques 13 à 15 milliards d’euros par an, notamment en important des tomates chinoises pour les revendre dans des conditionnements avantageux aux parfums méditerranéens.
Travailleurs au noir à 1 centime le kilo
Quant aux tomates cultivées et ramassées dans le sud de l’Italie, on peut douter de leur caractère de développement durable. Les Africains, Bulgares et Roumains qui travaillent dans les récoltes en Italie, notamment dans la province de Foggia (Pouilles), travaillant au noir le plus souvent, gagnent entre 1,16 et 1,33 centime d’euro par kilo de tomates ramassé, témoigne Jean-Baptiste Malet.
Indirectement, les consommateurs français sont impliqués, lorsqu’ils achètent divers concentrés et sauces tomates dans leurs grandes surfaces habituelles. Une nouvelle opportunité de se questionner sur l’origine des produits.
JC Nathan
Sources :www.rts.ch