Chaque scandale alimentaire pose la question de la qualité de la sécurité sanitaire. L’affaire du lait infantile contaminé n’échappe pas à cette règle.
Un scandale alimentaire a toujours pour conséquence d’interroger le système de contrôle sanitaire en vigueur. En diffusant « dans la nature », un nombre inconnu de boîtes de lait infantile contaminées, Lactalis a porté un mauvais coup à la confiance des consommateurs et au passage à la crédibilité du contrôle sanitaire public. La réaction du gouvernement en réponse aux erreurs du groupe laitier avait notamment pour objectif de s’exonérer de toute responsabilité.
La toute-puissante Direction générale de l’alimentation
Le maillon le plus important du dispositif est la Direction générale de l’alimentation (DGAL), administration toute puissante en matière de réglementation relative à la sécurité sanitaire des aliments, de contrôle (inspections, instructions techniques), soutenue localement par des directions départementales ou régionales, et autres services régionaux de l’alimentation.
L’un des modes d’intervention de cette direction est de procéder à des prélèvements et des analyses de produits dans le cadre de plans de contrôle.
La Direction de la concurrence, guetteur sanitaire
L’autre « guetteur sanitaire » est la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui, entre autres missions, contrôle aussi des denrées au niveau de la production et de la vente au public. Les Agences régionales de la Santé (ARS) contrôlent la qualité des eaux et mènent les enquêtes épidémiologiques relatives aux toxi-infections alimentaires collectives.
Des filières très surveillées
Certains secteurs agro-alimentaires sont très surveillés en France, comme les filières de l’élevage, des abattoirs, le secteur avicole, le secteur laitier… connus pour présenter des risques élevés de contaminations graves aux salmonelles et aux listeria. L’ampleur des contrôles est impressionnante : la DGAL mène chaque année environ 78 à 80 000 inspections, plusieurs dizaines de milliers de prélèvements sur des denrées, plus de 150 000 visites sanitaires en élevage…
180 milliards d’euros de produits alimentaires
Mais au regard des flux gigantesques de produits alimentaires, ces contrôles ne forment qu’une mince barrière. Chaque ménage dépense plus de 6 000 euros par an en produits alimentaires. Soit 180 milliards d’euros de produits alimentaires vendus dans l’année, dont une bonne partie importée de pays où les contrôles sont moins sévères. Seule une infime partie est contrôlée.
La qualité sanitaire repose avant tout sur le respect par les professionnels de règles sanitaires précises. Dès lors qu’un de ces professionnels s’exonère des règles, le risque d’accident survient – et dans les cas les plus graves, c’est un scandale alimentaire. C’est ce qui vient de se passer avec Lactalis, visiblement coupable de négligence.
JC Nathan
Source : agriculture.gouv.fr
©Xavier Remongin/Min.agri.fr