Depuis quelques semaines, un amendement à la Loi Macron est en cours de discussion au Parlement, visant à libéraliser l’information sur l’alcool et à relâcher le cadre de la Loi Evin sur l’alcool.
Les parlementaires examinent un amendement visant à libéraliser l’information sur l’alcool, qui aura pour effet de remettre en cause l’efficacité de la Loi Evin adoptée en 1991 qui encadre de façon contraignante toute publicité sur l’alcool et le vin. La Loi actuelle limite la publicité à l’affichage, la presse écrite, les brochures commerciales, les fêtes traditionnelles, Internet (en dehors des sites destinés à la jeunesse et au sport). Elle est bannie à la télévision, au cinéma, et partiellement à la radio.
Parler d’un vin
Le lobby des alcooliers, soutenu par le sénateur Gérard César, ancien viticulteur bordelais, a trouvé un nouvel angle d’attaque : un distinguo entre information et publicité. Parler d’un vin et de son terroir dans un article de presse, ce n’est pas faire l’apologie de l’alcool. (…). L’amendement définit de façon restrictive la notion de publicité. Au final, si l’amendement est adopté, le nouveau cadre juridique devrait laisser passer davantage de messages en faveur de l’alcool et ouvrir une brèche dans la prévention anti-alcool.
Un simple parfum
Une quarantaine d’associations réunies au sein du Fonds Actions Addictions ont tenté de contre-attaquer. L’ancien ministre Claude Evin, actuellement directeur de l’Agence Régionale de Santé d’Ile-de-France, est lui-même monté au créneau : « Dès lors que l’on sait que l’alcool tue 50 000 personnes par an, peut-on en vanter les mérites comme s’il s’agissait d’un simple parfum ? La réponse est évidemment non. »
Pancréatite et hépatite à 20 ans
On assiste tout simplement à un nouvel épisode de la bataille qui oppose d’un côté, les alcooliers, les viticulteurs, soit au total 500 à 600 000 emplois, et de l’autre, l’ensemble des soignants, des associations d’aide la lutte contre l’alcool, etc. qui ont une vue très précise des ravages de l’alcool, notamment auprès des jeunes. Lire L’alcool tue toutes les dix secondes
Professeur d’addictologie, Michel Reynaud, explique que l’on voit désormais des jeunes de 20 à 25 ans atteints de pancréatites ou d’hépatites, pathologies qui frappaient jusqu’alors des personnes de plus de 50 ans. « Chaque famille est touchée, à un titre ou un autre », estime Claude Evin.
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JC Nathan
Sources : http://www.vielibre.org
Le Parisien Publicité pour l’alcool, la nouvelle polémique. Lundi 8 juin 2015.
Photo : http://www.pernod.fr