Le Sénat mise sur les néonicotinoïdes et la betterave

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En votant en faveur d’un nouveau feu vert aux néonicotinoïdes pour les cultures de la betterave, le Sénat favorise des intérêts économiques au détriment de l’intérêt général et de la planète. Une vision terriblement court termiste.

 

Faut-il protéger les intérêts du secteur de la betterave et du sucre ou tout faire pour enrayer l’effondrement de la biodiversité et des insectes pollinisateurs ? Le Sénat qui, visiblement, estime que les intérêts économiques priment sur les enjeux de la planète, a tranché. Il a voté lundi 26 janvier pour autoriser une réintroduction dérogatoire de l’insecticide, acétamipride, familles des néonicotinoïdes interdits en France depuis 2018, mais régulièrement autorisés par dérogation dans le secteur de la betterave.

 

Lire : Pesticides et abeilles, tueurs néonicotinoïdes en liberté

Néonicotinoïdes, tueurs d’abeilles, de pollinisateurs et de vie

 

Par l’entremise de deux sénateurs, Franck Menonville (UDI) et Laurent Duplomb (LR), les deux grands syndicats agricoles, la FNSEA et la Coordination rurale, réussissent à mettre à mal une des mesures environnementales essentielles à la sauvegarde des pollinisateurs et d’une myriade de « services à la nature ».

 

En faveur des betteraviers

 

La valse-hésitation sur les néonicotinoïdes des législateurs et des pouvoirs publics français est désormais une habitude.  Dès la fin de l’année 2020, les députés français avaient adopté, en faveur des betteraviers, une dérogation à l’interdiction des néonicotinoïdes décidée en septembre 2018. Idem en 2022. En janvier 2023, le ministère de l’Agriculture, sous la pression de la Cour de justice de l’Union européenne, avait annulé une énième dérogation.

 

 

Virus de la jaunisse

 

 

Mais les lobbies agricoles n’ont jamais renoncé. Il faut dire que la betterave est « un gros morceau ». La France est le premier producteur européen de sucre de betterave. Les exportations de sucre rapportent au pays plusieurs centaines de millions d’euros. Les cultures sont attaquées par des pucerons qui transmettent le virus de la jaunisse de la betterave. Les insecticides de type néoticotinoïdes sont bien entendu plus efficaces que les traitements alternatifs.

 

Lire : Néonicotinoïdes, les betteraves plutôt que la biodiversité

 

Le système nerveux

 

 

Mais cette approche est terriblement court termiste. Les néonicotinoïdes sont des neurotoxiques qui détruisent le système nerveux des insectes. Leur capacité de destruction du vivant est énorme. Il suffit de quelques grammes pour traiter une surface d’un hectare. Ils sont fortement soupçonnés de participer au déclin dramatique des abeilles et des pollinisateurs en général. Le Sénat a-t-il pleinement pris la mesure de cette menace ?

 

JC Nathan

 

Sources : Les Echos