La France, engluée dans ses rapports avec les lobbies agricoles, continue d’autoriser des pesticides néonicotinoïdes terriblement dommageables pour les abeilles et la biopersité.
Les pesticides néonicotinoïdes n’ont pas fini de nuire aux abeilles et à l’environnement. Suite à une demande de dérogation et un projet d’arrêté, la France s’apprête à réautoriser de telles substances sur 400 000 hectares de cultures de betterave à sucre. Les défenseurs de ces pesticides estiment que la culture de la betterave est trop menacée par le puceron jaune qui attaque les plantes à betterave, particulièrement lors des hivers doux.
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La chaîne du vivant
Mais cette assouplissement règlementaire ressemble à un déni des graves atteintes à l’environnement provoquées par cette génération de pesticides, en particulier à l’encontre des abeilles et des pollinisateurs. Non seulement, la mortalité des abeilles reste élevée et le déclin des pollinisateurs en Europe est avéré. Mais c’est une chaîne du vivant qui est fortement atteinte, touchant en cascade les insectes, les vers de terre, les petits mammifères, les amphibiens, les oiseaux…
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Effondrement de la biopersité
On estime que les populations d’oiseaux en milieux agricoles (moineaux, linottes, hirondelles…) ont baissé d’environ 30% ces trente dernières années. Selon des chercheurs et des associations de défense de l’environnement, on assiste à un effondrement de la biopersité. Il apparaît de plus en plus probable que l’usage intensif de pesticides soit en grande partie responsable de cette spirale descendante. Même l’agence sanitaire européenne, l’EFSA, l’a soutenu cette position en 2018.
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Le système d’homologation en cause
Plusieurs associations – Pollinis, Association pour la protection des animaux sauvages, Association nationale pour la protection des eaux et rivières, Biopersité sous nos pieds, Notre affaire à tous -, ont décidé d’attaquer l’Etat français et d’exiger une réforme complète du système d’homologation des produits pesticides. Ce mode d’évaluation des pesticides est très contesté. Les critiques sont multiples, selon Pollinis : les effets de toxicité aiguë sont évalués, mais pas les effets chroniques, les effets sublétaux, les effets cocktails. En outre, les éléments scientifiques sont essentiellement ceux fournis par les industriels eux-mêmes…
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Emmanuel Macron a reconnu il y a quelques mois que la France ne progressait pas assez vite pour réduire l’usage des pesticides, tout en arguant que ce type de décision ne peut se prendre qu’au niveau européen. De quoi différer des mesures vitales pour la biopersité encore l’Europe dans son ensemble peut prendre les décisions
JC Nathan
Sources :
Le Monde.fr
Pesticides, des associations attaquent l’Etat pour n’avoir pas suffisamment protégé la biopersité
Les pesticides néonicotinoïdes en voie de réautorisation pour 2022