Les fraudes « à la viande de cheval » dans l’industrie du surgelé et des hamburgers posent avec acuité la question de la traçabilité, de l’étiquetage, et de la règlementation.
Pour rassurer l’opinion publique, le ministère de l’Economie et des Finances, tout comme les professionnels de la viande viennent de réaffirmer la nécessité de la traçabilité des produits alimentaires transformés, en particulier ceux à base de viande. Interbev, l’interprofessionnelle du bétail et de la viande, réclame une traçabilité des préparations à base de viande, avec indication du pays d’origine des ingrédients « viande » dans les plats préparés.
Car telle est la surprenante réalité : en ce qui concerne les produits alimentaires transformés, il n’y a pas d’obligation d’étiqueter l’origine des ingrédients des plats transformés. Soit l’exact contraire de la transparence promise sans cesse au consommateur.
Traçabilité des animaux
Suite à la grande crise de la vache folle de 1996, les professionnels de la viande en France ont mis en place un système de traçabilité poussé des carcasses et des morceaux de viande (numéro d’identification de l’animal, numéro d’abattage, numéro de lot pour des pièces de viande provenant de plusieurs animaux …). La possibilité de connaître à tout moment l’origine d’un produit est devenue l’une des clefs de la sécurité alimentaire. Système très efficace quand une crise de type contamination à Escherichia Coli ou aux Salmonelles se déclare et qu’il faut retirer de la vente des milliers de produits.
Au niveau européen
En 2002, la Commission européenne a généralisé les principes de traçabilité aux différentes denrées alimentaires, en particulier dans la restauration. Le règlement européen spécifie ainsi que l’industriel doit pouvoir retracer, à travers toutes les étapes de la production, de la transformation et de la distribution, le cheminement d’une denrée alimentaire, (…), d’une substance destinée à être incorporée ou susceptible d’être incorporée dans une denrée alimentaire.
Paradoxalement, au bout du compte, la réglementation est peu contraignante en matière d’étiquetage des produits alimentaires transformés et de leurs ingrédients, comme on l’a vu dans l’affaire des lasagnes à la viande. Les pouvoirs publics français cherchent désormais à faire évoluer cet aspect règlementaire.
Les contrôles et l’autocontrôle
La Commission européenne demande aux autorités nationales d’effectuer les contrôles de conformité à la législation alimentaire. En France, c’est la responsabilité de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes). En moyenne, la DGCCRF contrôle 4 000 sociétés par an, ce qui est significatif. Cela dit, le système du contrôle repose avant tout sur l’autocontrôle réalisé par les industriels. Si des industriels trichent, il peut se passer plusieurs mois avant que la fraude ne soit identifiée. C’est ce qui vient d’arriver probablement.
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Sources : www.economie.gouv.fr/dgccrf
Interbev