Les pollinisateurs sont indispensables à la reproduction des plantes à fleurs. Il faut les protéger parce qu’ils contribuent à la production de plus d’un tiers de l’alimentation mondiale (fruits, légumes, oléagineux, plantes diverses…) !
Les pollinisateurs sont l’une des ressources naturelles dont la planète et les hommes ont le plus besoin. Du 20 au 28 février, en Malaisie, les experts mondiaux de la biodiversité, regroupés au sein de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), vont se pencher entre autres dossiers cruciaux, sur la santé de ces précieux auxiliaires. Derrière le terme de pollinisateur, se cache en effet l’un des services les plus indispensables de la nature : la pollinisation, c’est-à-dire la fertilisation croisée des plantes.
Transport de pollen
Par leur « manège » incessant entre les fleurs et le transport de pollen, abeilles, guêpes, papillons, syrphes, mouches et tant d’autres insectes, mais aussi oiseaux (colibris, passeraux…), chauve-souris… permettent à une myriade de plantes à fleurs de se reproduire. Au total, quelques 100 000 espèces de pollinisateurs contribuent à la reproduction de 200 000 plantes. Environ 70% des plantes cultivées dépendent de ce service « gratuit » de pollinisation. 35% de la production alimentaire mondiale est liée au « travail » des pollinisateurs sauvages et des abeilles.
Fragilisation des pollinisateurs
Depuis quelques années, les experts tirent la sonnette d’alarme sur les risques d’un effondrement sans précédent de la biodiversité dans le monde. Dans ce contexte, on imagine mal que le constat dressé fin février par les experts de l’IPBES sur les pollinisateurs soit positif. La dégradation de l’environnement, la pollution, l’urbanisation galopante sont autant de sources de fragilisation des pollinisateurs. Mais il faut aussi mentionner l’éventuelle responsabilité des pesticides (insecticides, herbicides…) et tout particulièrement de la dernière génération, les néonicotinoïdes.
La menace chimique
De plus en plus de rapports scientifiques soulignent la puissance destructrice et la persistance de ces produits chimiques dans la nature. Depuis quelques temps, les pouvoirs publics commencent à prendre conscience de la menace chimique. Certains Etats sont passés à l’action pour restreindre l’usage des pesticides et ainsi tenter de protéger les pollinisateurs. Le Québec par exemple, dans le cadre de la Stratégie québécoise sur les pesticides 2015-2018, a pris de nombreuses mesures pour inciter à renoncer aux semences traitées aux néonicotinoïdes.
En France, l’autorité sanitaire (Anses) se montre de plus en plus sévère vis-à-vis des insecticides néonicotinoïdes, incitant indirectement la Commission européenne à maintenir le moratoire (interdiction momentanée) sur les trois substances les plus décriées (thiaméthoxame, clothianidine, imidaclopride). Enjeu ? La santé (la survie ?) des abeilles et des pollinisateurs sauvages.
Bernard Duran
www.anses.fr