A la suite de l’affaire des filières agricoles contaminées à la dioxine en Allemagne, la Commission européenne propose de nouvelles mesures de contrôle. Mais la succession des scandales révèle la permanence des risques des contaminants pour les consommateurs.
Il a suffi d’un industriel véreux pour jeter le trouble sur une bonne partie des filières agro-alimentaires allemandes (lait,œuf, porc…). En distribuant des graisses à usage industriel, fortement contaminées à la dioxine, en lieu et place de graisses destinées à l’alimentation animale, l’entreprise allemande Harles und Jentzsch a entraîné la fermeture début janvier 2011 de plus de 4700 exploitations agricoles. Plusieurs pays (Corée du Sud, Chine, Hongrie, Russie…) ont pris des mesures restrictives vis-à-vis des produits allemands.
Rappelons que les dioxines sont des substances chimiques particulièrement toxiques qui s’accumulent dans toute la chaîne alimentaire, donc dans les organismes vivants, et sont très faiblement éliminées ensuite. De très faibles traces de polluants suffisent à entraîner des risques de perturbation endocrinienne et probablement des effets cancérigènes.
Début 2011, dans le sillage des autorités allemandes, Bruxelles n’a pas tardé à proposer des mesures pour « calmer le jeu » et ne pas laisser s’installer la défiance des consommateurs. Pour l’essentiel, il s’agit de mesures visant à mieux séparer les installations de production de graisses alimentaires et de graisses industrielles, contrôler davantage ces activités et faciliter les détections de dioxine.
Ces mesures seront-elles suffisantes pour maîtriser durablement les risques d’escroquerie dans les filières d’alimentation animale ? La série des scandales montre à quel point l’attrait de gains rapides et importants encourage les dérives. Au printemps 2008, les autorités italiennes ont ainsi dû fermer plusieurs centaines d’élevages et de fromageries dans la région de Naples. On venait de découvrir que les bufflonnes de la région, ces vaches à l’origine du lait dont on fait la mozarella, paissaient tranquillement sur des terres contenant des doses de dioxines dix fois supérieures aux normes autorisées. Tout ça avec la bénédiction de la Camorra, la mafia locale.
En toile de fond, la vraie question reste celle de la contamination lente et silencieuse à la dioxine, propagée par différents maillons de la chaîne alimentaire, à commencer bien sûr par les poissons et par les produits de l’élevage. Le seuil quotidien à ne pas dépasser est fixé en France à 1 picogramme (millionième de millionième de gramme) par kilo de poids corporel. Soit 60 pg pour une personne de 60 kg. Des études ont montré que certains gros consommateurs de poisson atteignaient facilement ou dépassaient les doses tolérées. Malgré les progrès faits dans le contrôle des sources potentielles de dioxines (incinérateurs…), le risque « dioxines » et autres « Polluants Organiques Persistants » reste bien réel.
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