Le dicamba, plus fort que le glyphosate

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herbicide dicamba

Et si le gliphosate, herbicide commercialisé sous la marque Round up, était remplacé par le dicamba ? Ce ne serait pas nécessairement une bonne nouvelle pour l’environnement.

 

 

Le dicamba, successeur attitré du glyphosate ? Le glyphosate (famille des organophosphorés), principe actif du Roundup, s’est imposé, de par son efficacité, comme l’herbicide royal pour traiter les grandes cultures (céréales, oléagineux) et les jardins des particuliers. En voie d’interdiction pour cause de risque cancérigène, il pourrait être remplacé par le dicamba, un autre organochloré.

 

 

Molécule accélératrice de croissance

 

 

Le dicamba est connu depuis les années 1960. Il est autorisé et utilisé en Europe depuis 2008, mais de façon encore limitée (220 tonnes en France contre 8 500 tonnes de glyphosate en 2015). Cette molécule a la curieuse propriété d’accélérer la croissance des adventices (mauvaises herbes) qui meurent de leur crise de croissance.

 

 

Variétés OGM résistantes

 

 

Le recours au dicamba pour lutter contre les mauvaises herbes est en train de se banaliser aux Etats-Unis depuis que les grandes firmes phytosanitaires ont mis au point des variétés OGM de soja et de coton résistantes à cet herbicide. Tous les producteurs de phytosanitaires, dont les géants Monsanto (racheté par l’allemand Bayer), BASF, DuPont, Syngenta… en commercialisent. Déjà, 16 millions d’hectares de cultures résistantes au dicamba sont plantées.

 

Hautement volatile

 

Qu’en est-il de sa toxicité ? Les avis divergent grandement. Les uns le présentent comme modérément toxique pour l’homme. Les autres mettent en garde contre les effets potentiellement tératogènes (à l’origine de tumeurs) pour l’homme ou encore nocifs pour la fertilité. Mais ce sont surtout les dangers pour l’environnement qui sont dénoncés. L’herbicide est très volatile et très toxique pour les autres plantes (100 à 400 fois plus, selon l’Environmental Protection Agency). Résultat, des exploitations agricoles découvrent leurs cultures attaquées par du dicamba transporté par le vent.

 

 

Plaintes multiples

 

 

Aux Etats-Unis, le Dicamba fait l’objet de multiples critiques et procédures  judiciaires. Des vignes, des plantations de tomates, des élevages d’abeilles ont été touchés. En 2017, certains états (Missouri, Tennessee…) ont pris des mesures restrictives, voire d’interdiction (Arkansas), suite à des plaintes multiples d’agriculteurs touchés par l’herbicide volatile. En Europe, on en est encore au stade de la découverte. Le dossier ne fait que s’ouvrir.

 

JC Nathan

 

Sources : www.liberation.fr

www.infogm.org

www.up-magazine.info

Photo: www.up-magazine.info