En Côte d’Ivoire, des centaines de milliers d’enfants sont exploités, quasi esclavagisés sur les plantations de cacao. Le phénomène est dénoncé depuis de nombreuses années mais il perdure.
Du cacao contre la liberté et la santé des enfants ? C’est bien ce qui se passe en Côte d’Ivoire (premier producteur mondial). Depuis des années, des enfants ivoiriens ou venus des pays voisins (Togo, Burkina Faso, Mali…) sont exploités dans les innombrables plantations clandestines. Le phénomène dépasse largement le « coup de main » que les enfants donnent aux parents agriculteurs dans de nombreux pays. Il s’agit d’une forme d’esclavagisme, selon les ONG.
La traite d’enfants
« Le travail des enfants dans les plantations de cacao ouvre ainsi la porte à la traite d’enfants à l’échelon national et international » dénonce l’Unicef Ces enfants ne vont plus à l’école. Leur santé est en danger (les plantations utilisent abondamment du glyphosate). Ils sont condamnés à rester pauvres et non instruits le restant de leur vie. On estime à 500 000 à un million le nombre d’enfants concernés.
Une pétition adressée à l’Union Européenne
Ce scandale est dénoncé depuis une vingtaine d’années. Les grands industriels du cacao (Cémoi, Cargill, Nestlé, Barry Callebaut…) se sont engagés depuis plusieurs années à lutter contre le travail des enfants. Mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. Récemment, Envoyé spécial sur France 2 a de nouveau diffusé une enquête sur ce sujet.
« L’UE doit prendre ses responsabilités ! »
Une pétition a été lancée par Sauvons la forêt (janvier 2019) pour demander à l’Union européenne d’imposer une règlementation très contraignante à cet égard. « L’UE est le premier importateur, fabricant et consommateur de chocolat au monde. Si l’UE ne résout pas cette crise, personne ne le fera. L’UE doit prendre ses responsabilités ! » lancent les responsables de Sauvons la forêt.
Pas de traçabilité des fèves
La culture du cacao en Côte d’Ivoire est assurée par des milliers de toutes petites exploitations de 2 à 4 hectares, dont un bon nombre de fermes clandestines. Il n’y a pas de traçabilité des fèves. Ce serait l’une des explications techniques de la persistance de pratiques illégales de travail des enfants. Un autre facteur encourage la traite des enfants : la rémunération très faible des petits producteurs (l’équivalent de un à deux euros par jour) qui décourage la main d’oeuvre adulte.
Marché aberrant
En Côte d’Ivoire et au Ghana, les producteurs touchent une faible part du prix du marché du cacao. La structure très oligopolistique du marché, l’efficacité relative des structures semi-publiques concourent au maintien d’un marché aberrant où les enfants font office de variable d’ajustement.
Eric Allermoz
Sources : www.sauvonslaforet
Photo : Unicef. Asselin
« Cacao, les enfants pris au piège. » Enquête diffusée dans « Envoyé Spécial », émission présentée par Elise Lucet : jeudi 10 janvier à 21h sur France 2.