Les cerises françaises risquent cette année d’être à la merci de la mouche asiatique Drosophila suzukii, depuis que l’insecticide à base de diméthoate est interdit.
Les cerises seront chères cette année, très chères. Les plus pessimistes ont annoncé le kilo à 50 euros. L’interdiction d’utiliser l’insecticide à base de diméthoate, déstabilise totalement le marché de la cerise et les cultivateurs. Cet insecticide, puissant organophosphoré, était selon les professionnels, le seul moyen de lutter contre une mouche qui fait des ravages dans les vergers, le Drosophila suzukii.
La mouche asiatique Drosophila suzukii
Cette mouche asiatique a fait son apparition en 2010. Elle pond ses larves dans les fruits non mûrs et les rend impropres à la consommation. Elle s’attaque aux fruits rouges (cerise, fraise, framboise et groseille) mais aussi à d’autres espèces fruitières comme l’abricot, la pêche ou la figue. Drosophila suzukii est tellement actif qu’il peut détruire sans difficultés l’ensemble d’une récolte.
Interdiction en France
Le problème est que le diméthoate s’avère particulièrement dangereux pour la santé humaine, à commencer par ceux qui l’appliquent. L’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), d’habitude plutôt conciliante avec les pesticides, a été la première en 2013 à avertir des dangers. En février 2016, l’Anses, l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation française a décidé d’interdire cet insecticide en France.
Protéger avec des filets
Pour les arboriculteurs spécialistes de la cerise, cette interdiction est une catastrophe. De l’avis des professionnels, il n’y a pas aujourd’hui d’alternative à ce traitement. Les autres substances chimiques ne seraient pas efficaces contre cet agresseur. Certains suggèrent de protéger les cerisiers avec des filets, mais ces solutions coûteuses supposeraient une aide des pouvoirs publics qui n’a pas été envisagée à ce jour.
Les cerises étrangères
La France étant le seul pays à interdire le diméthoate, les cerises italiennes, espagnoles ou turques pourraient se déverser allègrement sur les étals de l’hexagone en pleine saison. Face au désespoir et à la colère des arboriculteurs français, Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, a saisi la Commission, demandé l’interdiction du produit par l’Europe, et brandi l’usage de la clause de sauvegarde qui lui permettrait d’interdire la mise sur le marché de cerises traitées au diméthoate.
Producteurs du Vaucluse
Mais selon le syndicat la Coordination rurale, cela risque d’entraîner des plaintes des pays européens concernés et pourrait coûter des amendes à la France. La production de cerises en France atteint environ 50 tonnes, provenant essentiellement du Vaucluse (20%) et d’autres départements de Rhône Alpes, et de Languedoc Roussillon.
JC Nathan
Sources : www.lesechos.fr
www.coordinationrurale.fr
Crédit photo : Inra