Le trafic des aliments, peu connu du grand public, sévit en Europe et dans le monde entier. Au même titre que les drogues, les armes, les animaux, les œuvres d’art, les humains, les produits alimentaires font l’objet d’un vaste trafic.
Les chiffres fournis par les autorités Interpol sont édifiants : dans 61 pays concernés, près de 10 000 tonnes d’aliments et plus de 26 millions de litres de boisson ont été saisis. Ce qui laisse supposer un trafic d’une ampleur bien supérieur. Selon l’agence de presse Prensa Latina, les mafias italiennes auraient généré un chiffre d’affaires de 15,4 milliards d’euros dans l’industrie agroalimentaire en 2014, en bonne partie grâce à des opérations frauduleuses.
Produits frauduleux commercialisés par des restaurants, des grossistes
Le trafic des aliments touche des produits très divers : lait, vins, viandes, fruits de mer, caviar, fraises, etc… Ces produits frauduleux commercialisés par des restaurants ou des commerces peu scrupuleux peuvent s’avérer très dangereux pour la santé des consommateurs.
En France, les douanes, la gendarmerie nationale, et l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) ont saisi 8000 litres de lait avec des niveaux d’antibiotiques les rendant impropres à la consommation. Les douaniers se sont également saisis de 180 000 faux cubes de bouillon chez un grossiste de la région parisienne. Les carabiniers italiens ont intercepté en Toscane un trafic de vin : une piquette mélangée à de l’alcool, vendue comme un vin d’indication géographique protégée.
Viandes, mollusques, huiles, impropres à la consommation
En Irlande, on a saisi des stocks de viande non réfrigérée, ni emballée, ni étiquetée; en Espagne, des centaines de kg de mollusques et de palourdes impropres à la consommation humaine. Au Danemark, on a retrouvé en supermarché des bouteilles d’huiles industrielles vendues sous l’étiquette de l’huile d’olive vierge. En Italie, les mafieux confectionnaient de la Mozzarella à base de lait caillé périmé, fumé en brûlant des ordures.
L’organisation internationale de Police, Interpol, et l’office européen Europol mènent depuis 2011 des opérations spéciales, baptisées Opson (en grec ancien, nourriture) afin de coordonner des centaines, voire des milliers d’inspections des douanes et d’agents spécialisés, dans des magasins, marchés, ports, aéroports, zones industrielles.
Les moyens policiers ne semblent pas surdimensionnés. Un rapport rédigé par l’Association nationale agricole d’Italie (Coldiretti) et un think tank (Eurispes) indiquait début 2015 que les groupes mafieux contrôlent des entreprises agroalimentaires, des hôtels, des restaurants ou d’autres entreprises commerciales en lien avec l’alimentation. Ce sont des milliers d’enseignes qui seraient utilisées par la mafia. Et la criminalité internationale ne se limite pas aux activités de la mafia.
JC Nathan
Sources : La grande criminalité s’empare de l’alimentaire