Le trafic de viande de cheval impropre à la consommation qui vient d’être découvert est un mauvais coup porté à la filière de la viande chevaline en France. Mais il est également une cinglante remise en question du contrôle sanitaire, français et européen et de la traçabilité.
Viande impropre à la consommation
Un trafic de grande ampleur était organisé par des maquignons récupérant des chevaux de selle (chevaux de course notamment) pour les envoyer à l’abattoir à l’insu de leurs propriétaires. Nombre de ces chevaux, ayant été traités avec des médicaments comme des anti-inflammatoires (phénylbutazone), étaient impropres à la consommation humaine.
Documents falsifiés
Les fraudeurs envoyaient les chevaux en Belgique pour les rapatrier avec des carnets de santé falsifiés et les faire abattre dans des abattoirs français. Ce sont les régions Paca, Languedoc-Roussillon et Rhône-Alpes qui sont principalement concernées par ce trafic, pour environ 3 000 bêtes, soit une part importante de la viande de cheval consommée en France chaque année.
Moins d’un demi pourcent
On consomme environ 25 000 tonnes de viande de cheval en France par an, ce qui peut paraître beaucoup par rapport aux pays ne consommant pas de viande de cheval (l’Angleterre, par exemple) mais ce qui est en réalité très peu : moins d’un demi pourcent de la consommation totale de viande. On en consommait presque cinq fois plus jusque dans les années 1970.
Commerce européen de viande équine
Cette viande est importée pour partie de l’étranger (Canada par exemple), ou provient de chevaux dits de réforme – français ou étrangers (Pologne, Belgique, Espagne, Allemagne et Suisse). En France, ce sont surtout des chevaux de trait qui sont destinés à l’abattage. Appréciée uniquement des consommateurs de plus de 50 ans, la viande équine, distribuée en France par 750 boucheries chevalines, semble promise à une extinction inexorable.
Contrôle et traçabilité en rade
Comme dans le bœuf, la filière professionnelle de la viande chevaline affiche sa détermination concernant le respect des règles de traçabilité et de sécurité sanitaire. L’affaire des maquignons décrédibilise cet engagement. Plus gravement, c’est le fonctionnement même du contrôle public sanitaire français et communautaire qui est mis en doute avec cette nouvelle affaire qui succède à celle des préparations cuisinées à base de viande de cheval roumain.
La notion même de traçabilité (identification de chaque animal, numéro d’abattage, suivi des carcasses ou des quartiers d’abattage) vient de perdre gros. Déjà, des initiatives sont annoncées (lancement d’un label « viande de cheval française »). Elles auront du mal à dissiper le sentiment de défiance du consommateur.
Bernard Duran
Photo : www.respect-animal.ca
Sources : www.la-viande.fr
« Viande de cheval : une consommation marginale » www.lefigaro.fr
« Viande de cheval : la filière a peur » Benoist Pasteau avec Pascal Berthelot. www.europe1.fr