Depuis trois à quatre ans, les vins de Bordeaux et les viticulteurs du Bordelais affrontent une tempête médiatique autour de l’usage de pesticides. Non sans quelques raisons.
La magnifique notoriété des crus du Bordelais pâtit ces derniers temps de la sulfureuse réputation de pesticides. D’un côté, des produits parmi les plus fantasmés dans le monde entier. Les grandes bouteilles de Bordeaux se négocient à des prix stratosphériques (à titre d’exemple, une bouteille de Château Cheval Blanc se vend à plus de mille euros). De l’autre, une région qui a sans doute trop longtemps abusé des produits de traitement pour protéger ses vignes. Le rapprochement des deux images est peu confortable.
Alerte aux toxiques
Défenseurs de l’environnement, associations diverses (Alerte aux toxiques !, Collectif Info Médoc Pesticides) se battent à grands coups de communication avec les intérêts des vins de Bordeaux, notamment le CIVB. Les premiers avancent des chiffres et des constats inquiétants : 68 000 tonnes de pesticides utilisées en 2016. Surtout, les associations (et les médias) ont pointé l’usage de pesticides CMR (cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques), considérés comme très dangereux pour l’organisme.
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Le Bordelais Bashing
Les associations ont réussi un ou deux coups médiatiques en faisant analyser divers grands crus, ou les cheveux de personnes (femmes enceintes, enfants, notamment), et révélé la présence de nombreuses molécules chimiques toxiques. En face, les représentants viticoles dénoncent le Bordelais Bashing. La profession rappelle les pas réalisés en direction d’une viticulture plus propre. Les viticulteurs des appellations de saint-émilion, ceux des AOC bordeaux et bordeaux supérieur ont commencé à ne plus utiliser d’herbicides sur le contour des parcelles.
Conversion au bio
Le CIVB souligne qu’entre 2014 et 2016 la vente des pesticides CMR (cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques) a été divisée par deux en Gironde, passant de 1800 tonnes à 850 tonnes, celle d’herbicides a baissé de 35 %. Toujours selon le CIVB, sur les 110 000 hectares du vignoble bordelais, 6 300 hectares sont certifiés en bio (chiffres 2016), et plus de 1260 sont en conversion.
Une mutation trop lente
Les représentants du vignoble clament que la majeure partie de la profession est engagée dans une démarche environnementale. Mais pour leurs adversaires, cette mutation est trop lente, trop peu convaincante, et la contamination chimique générée par la viticulture demeure bien réelle.
JC Nathan
Sources : Dans le Bordelais, le traitement chimique des vignes suscite la polémique
Les pesticides toujours tabous dans le Bordelais