Le dossier des algues vertes en Bretagne, lié à l’élevage intensif et aux rejets est toujours d’actualité. Selon un rapport de la Cour des comptes et de la chambre régionale des comptes en cours de publication, les deux plans de lutte contre la prolifération des algues vertes (PLAV) déployés de 2010 à 2019 sont des échecs.
Les algues vertes sont toujours là. Un chiffre donne la mesure du dommage environnemental causé aux côtes françaises par les rejets des exploitations agricoles : de 2009 à 2020, on a ramassé jusqu’à 462 630 tonnes de ces algues nauséabondes.
Lire : Algues vertes, le prix du modèle intensif
Un gaz mortel, l’hydrogène sulfuré
Localisée pour l’essentiel en Bretagne, cette pollution touche désormais une large partie des côtes françaises du Calvados jusqu’en Charente. Non seulement, ces algues dégradent l’environnement, faisant fuir le tourisme, mais elles sont très dangereuses pour les hommes et les animaux. En se décomposant, elles dégagent un gaz mortel, l’hydrogène sulfuré.
Epandage de fumier et de lisier
On connait les responsables de cette pollution : l’élevage intensif, l’agriculture intensive, et les épandages d’engrais chimiques et organiques (fumier, lisier). Un formidable excès d’azote se transforme en nitrates à l’origine de la pollution. Rappelons que la Bretagne abrite en gros plus de la moitié des élevages de poulets, cochons, vaches de France. Selon certains spécialistes, l’unique moyen d’enrayer ce raz-de-marée végétal est de changer radicalement de mode agricole, révolution culturelle et sociale dont les milieux agricoles concernés semblent très éloignés.
Lire : Algues vertes, l’agriculture intensive en cause
Opérations de ramassage
Loin de s’attaquer aux racines du mal et exiger des engagements des filières agro-alimentaires, les différentes instances publiques (Etat, Agence de l’eau Loire-Bretagne….) ont financé pour l’essentiel des opérations de ramassage des algues et de nettoyage des plages. Véritable tâche de Sisyphe. Aucune politique de prévention ne semble de mise. Les élevages (porcins, bovins, avicoles) ont plutôt tendance à augmenter de taille, et les pratiques agricoles elles, ne changent pas fondamentalement.
Conséquence : la teneur moyenne des nitrates dans l’eau en Bretagne a un peu baissé, passant de 47,2 mg par litre à 35,4 mg. Mais il faudrait, estiment les scientifiques, réduire cette teneur à 10-15 mg/litre pour espérer mette un terme à la pollution. Un voeux pieux tant l’ensemble du système agricole breton semble hostile à tout changement de logique.
JC Nathan
Sources : Lemonde.fr