Algues vertes, l’agriculture intensive en cause

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algues vertes Bretagne

Les algues vertes ne font pas qu’abimer les plages bretonnes. Il s’agit d’un symptôme de dérèglement des milieux aquatiques sensible dans le monde. L’agriculture intensive est l’un des responsables.

 

En Bretagne, on parle de prolifération des algues vertes, mais le terme scientifique est l’eutrophisation. Sous l’effet d’un excès de nutriments chimiques (azote, phosphore), les milieux aquatiques (mer, lacs, cours d’eau) produisent d’énormes quantités d’algues vertes, potentiellement toxiques.

 

Un panel de 45 scientifiques (CNRS, Inra, Ifremer, Irstea) vient de rendre un rapport pour le compte du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et le ministère de la Transition écologique et solidaire (cf. expertise scientifique collective Eutrophisation).

 

 

L’indigestion d’un écosystème qui ne peut plus décomposer les nutriments

 

 

« Le phénomène d’eutrophisation peut être assimilé à l’indigestion d’un écosystème ayant emmagasiné tellement de nutriments qu’il n’est plus en mesure de les décomposer par lui-même », résume Gilles Pinay, directeur de l’Observatoire des sciences de l’Univers de Rennes. L’eutrophisation se manifeste par la prolifération d’algues parfois toxiques (via l’émanation de sulfure d’hydrogène), la perte de biodiversité, la raréfaction d’oxygène qui mettent en danger les écosystèmes aquatiques.

 

Depuis plusieurs dizaines d’années, les activités humaines (industrie, agriculture, urbanisation) s’accompagnent de forts rejets d’azote et de phosphore. En Bretagne, ce sont les nitrates contenus dans les engrais et les effluents de l’élevage (lisier) qui sont à l’origine de rejets massifs d’engrais azotés. Lire : Nitrates, la France pollue durablement

 

Cette pollution ne concerne pas uniquement les côtes bretonnes mais toutes les grandes régions agricoles françaises et leurs cours d’eau. L’utilisation d’engrais chimiques en très grandes quantités, pour maintenir des rendements très élevés, est l’une des grandes causes.

 

 

Des centaines de lieux touchés

 

 

Le phénomène est loin de se cantonner aux côtes bretonnes. Il se produit à l’échelle du globe. Même les grands lacs d’Afrique de l’Est sont concernés par les algues vertes et l’eutrophisation. Plusieurs centaines de lieux (pour une superficie totale estimée à la moitié du territoire français) sont touchés par la prolifération d’algues. Le réchauffement climatique aggraverait la tendance.

 

 

Digérer les surplus d’azote

 

 

Ce que met en avant le rapport du collectif de scientifiques, c’est que le phénomène est plus difficile à enrayer qu’on ne le pensait. Les sols mettent plusieurs dizaines d’années à digérer les surplus d’azote liés aux engrais agricoles. Du coup, les efforts menés jusqu’ici (réduction de l’utilisation d’engrais, limitation de l’épandage de lisier, lutte contre l’érosion des sols) semblent trop modestes voire insuffisants.

 

Selon les scientifiques, les seuils fixés par la règlementation européenne en matière de rejets maximums de nitrate (50 mg/litre) et de phosphore (5 mg/litre) dans l’eau potable, seraient trop élevés pour stopper les phénomènes d’eutrophisation.

 

JC Nathan

 

Photo : http://tempsreel.nouvelobs.com

(Jérôme Fouquet/MAXPPP)