Néonicotinoïdes, le retour de l’agriculture traditionnelle

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Certains secteurs agricoles (betteraves, noisettes) poussent à la réintroduction de néonicotinoïdes, pour lutter contre les ravageurs.  A contrecourant du zéro pesticides, cette agriculture traditionnelle casse la dynamique en faveur de l’environnement et de la santé.

 

 

 Une partie des agriculteurs tentent ces derniers mois, via une offensive parlementaire dite Loi Duplomb de réintroduire une catégorie de pesticides très puissants, les néonicotinoïdes. La caractéristique de cette famille d’insecticides est de s’attaquer au système nerveux des insectes. Problème crucial de ces substances, elles déciment aussi les pollinisateurs… Quatre néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride, thiaclopride, thiamétoxame) sont interdits en France depuis 2018 et en Europe. Mais un cinquième néonicotinoïde, l’acétamipride, toujours autorisé en Europe, et interdit uniquement en France depuis cinq ans.

 

Lire : Le Sénat mise sur les néonicotinoïdes et la betterave

 

Des ravageurs agressifs

 

Les agriculteurs affiliés à la FNSEA et aux Jeunes Agriculteurs se battent pour réintroduire ce pesticide. Deux secteurs en France se disent totalement démunis en l’absence de cette défense, les betteraviers et les cultivateurs de noisettes. Les producteurs de noisettes (environ 8 à 9000 hectares) en pleine expansion, doivent lutter contre des ravageurs agressifs (punaises, balanins). Pour ces cultivateurs, interdire l’usage de l’acétamipride est une aberration alors que les importations françaises de noisettes viennent majoritairement de pays (Espagne, Italie, Turquie…) où ce néoticotinoïde est autorisé.

 

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Pucerons et virus de la jaunisse

 

Quant aux cultures de betteraves, elles sont attaquées par des pucerons qui transmettent le virus de la jaunisse de la betterave, et les insecticides de type néoticotinoïdes sont bien entendu plus efficaces que les traitements alternatifs. L’importance économique du secteur de la betterave explique largement pourquoi sénateurs et députés se sont mobilisés sur le dossier de l’acétamipride.

 

 

Les pollinisateurs en danger, la santé humaine aussi…

 

 

Si la tentation pour des raisons économique de réintroduire cette molécule peut se comprendre, ce mouvement est inquiétant en termes d’environnement et de santé publique. L’acétamipride met en danger les pollinisateurs, et donc la fertilisation de nombreuses cultures. Rappelons que les trois-quarts des cultures alimentaires dans le monde dépendent de la pollinisation. Or, cette substance est très rémanente : selon un scientifique de l’Inrae, la demi-vie du produit (durée après laquelle il reste moins de 50 % du produit dans la nature) est de 800 jours !

Quant aux effets sur les humains, on s’inquiète notamment d’incidences sur le plan neurologique et cognitif.

 

JC Nathan

 

Sources : reporterre.net

Le Figaro