En raison du réchauffement du climat, les clémentines de Corse ont tendance à perdre leur acidité. Or, cette caractéristique est une qualité majeure de l’agrume.
Les clémentines de Corse sont en train de perdre de leur acidité, une perte d’identité regrettable. Les chercheurs de l’Inra qui ont identifié le phénomène réfléchissent à une parade.
Stocks d’acides
Sur la station expérimentale de San Giulliano en Corse, les scientifiques étudient environ 70 variétés de clémentines. Avec 1100 espèces et variétés, la station de recherche possède une des plus grandes collections au monde. Selon Olivier Pailly, directeur d’unité de recherches à l’Inra, les agrumes stockent dans leurs cellules des sacs à jus très acides, avec un pH très bas de 2,2 à 2,3. Après avoir accumulé l’acidité au cours de sa croissance, la clémentine puise dans ses réserves pendant la maturation, entre fin août et décembre.
Surconsommation d’énergie
Mais les chercheurs ont décelé une diminution de l’acidité et des couleurs du fruit, liée semble-t-il au réchauffement du climat. Les hausses des températures en automne, époque de maturation du fruit, accélèrent la respiration du fruit et entraînent une surconsommation d’énergie. Le fruit en vient à puiser dans ses réserves d’acide citrique, et à perdre son signe distinctif. La corrélation climat-acidité est connue : sous la douceur d’un climat tropical, les agrumes sont moins acides.
L’acidité, support d’arômes
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’acidité est une qualité de l’agrume. L’appellation Clémentines de Corse (IGP : Indication Géographique Protégée) exige d’ailleurs que le fruit affiche un caractère dit acidulé : son taux d’acidité doit être supérieur ou égal à 0,85, contre 0,65 pour une clémentine classique. Raison « objective » de primer l’acidulé : l’acidité est un support des arômes, arômes mieux perçus si le fruit n’est pas trop sucré.
Une parade, la culture en bio
Pour trouver une parade aux variations climatiques, les chercheurs tentent de retrouver de par le monde des variétés plus acides et plus tardives qui pourraient être des alternatives. Ils étudient aussi les pratiques culturales (mode de fertilisation, irrigation…) qui semblent avoir un effet sur le taux d’acidité. Ils ont en effet remarqué que les clémentines bio étaient plus acides, sans doute en raison des fertilisations potassiques.
Un fruit du hasard
La clémentine a été découverte au XIX° siècle, en Algérie, à Misserghin, dans un orphelinat tenu par le père Clément, chef des pépiniéristes. Il remarqua un mandarinier différent, qui était en fait le croisement accidentel d’un mandarinier et d’une variété d’orange. La « clémentine de Corse » (Citrus clementica) est une variété sans pépins, à feuilles, rouge orangé avec une partie verte. Comme tous les agrumes, elle est riche en vitamine C, caroténoïdes, et polyphénols (agents antioxydants réputés pour leurs vertus anti-vieillissement…).
Bernard Duran
Sources : Les bienfaits de la clémentine de Corse
Photo : www.ollandini.fr