Le glyphosate, principe actif d’un très grand nombre d’herbicides, ne serait pas dangereux pour la santé, affirme l’autorité sanitaire européenne. Sans s’attarder sur les dangers liées aux formulations et aux adjuvants.
Le glyphosate, substance active de l’herbicide Round up, n’est pas cancérogène, jurent d’une même voix les experts convoqués par l’autorité sanitaire européenne (EFSA). Ni cancérogène, ni génotoxique, estime le groupe scientifique qui a épluché l’ensemble de la littérature et des rapports sur ce sujet. Lire Le Roundup, un herbicide inoffensif. Cette position tranche avec le rapport publié par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui catégorise le glyphosate comme un cancérogène probable pour l’homme.
Le produit et ses formulations
Pour le grand public, il est incompréhensible que des scientifiques établissent des évaluations radicalement différentes sur un objet de recherches aussi délimité que la toxicité d’un produit chimique. En lisant attentivement, les conclusions rendues par l’autorité européenne, on découvre que les groupes d’experts n’ont pas retenu la même approche. Le groupe de l’EFSA a évalué le glyphosate seul. Les scientifiques du CIRC de leur côté se sont intéressés aux « formules d’herbicides » associant du glyphosate avec des adjuvants.
Toxicité des formules
De l’aveu même de l’EFSA, il apparaît que les « formules » peuvent présenter une toxicité plus élevée que l’agent actif (glyphosate) lui-même. C’est bien ce que certains scientifiques n’arrêtent pas de clamer. Dans un article de la revue internationale Toxicology, Robin Mesnage, Benoît Bernay et Gilles-Eric Séralini (Université de Caen) expliquent que le glyphosate est combiné avec divers adjuvants pour permettre au principe actif de mieux pénétrer la plante. Leurs travaux mettent en évidence la dangerosité de ces combinaisons pour les cellules humaines.
L’ombre d’un groupe chimique mondial
En donnant un blanc-seing à la mise sur le marché européen du glyphosate (donc du Round-up), l’autorité européenne passe sous silence les risques liés aux multiples formules d’herbicides comportant du glyphosate. Rappelons que le glyphosate, est présent dans 750 produits utilisés dans l’agriculture, la foresterie, le jardinage urbain et le jardinage domestique. Non sans une certaine mauvaise foi, l’EFSA renvoie chaque état membre à sa responsabilité d’évaluer les risques liés aux formulations de pesticide en cause. Difficile de ne pas voir dans cette position ambiguë l’ombre d’un groupe chimique mondial pesant 16 milliards de dollars. Lire aussi : Après le Roundup
JC Nathan
Photo : www.syndicat-agricole.com