Les insecticides néonicotinoïdes sont dangereux pour les abeilles et les pollinisateurs. C’est ce qui ressort « en filigrane » des dernières positions de l’Anses, l’autorité publique française en matière de sécurité sanitaire.
Les insecticides néonicotinoïdes, utilisés pour traiter les céréales, les vergers et les vignes sont dangereux pour les abeilles et les pollinisateurs. L’Anses, l’autorité publique française en matière de sécurité sanitaire, vient de rendre le 12 janvier un nouvel avis à teneur restrictive sur cette famille d’insecticides. Les néonicotinoïdes sont des molécules chimiques très puissantes accusées de contribuer à la mortalité des abeilles et de menacer les pollinisateurs sauvages. L’un des plus connus est le Gaucho (molécule imidaclopride). La mortalité des abeilles atteint chaque année en Europe entre 20 et 35% selon les pays. Dans certains états d’Amérique du Nord, elle peut être beaucoup plus élevée.
Champs durablement contaminés
Via diverses recommandations techniques, l’agence publique française reconnaît à mots couverts les risques mortels que présentent ces substances chimiques pour les pollinisateurs . Un constat qui n’étonne pas les défenseurs des abeilles et divers scientifiques. Selon des études récentes, des champs de blé ensemencés avec des semis traités avec de minces couches d’insecticides restaient durablement contaminés. Les vergers et les vignes traitées par pulvérisation laissent planer un risque élevé l’année suivant l’application, admet l’Anses, du fait de possibles remontées de résidus toxiques des racines vers le pollen et le nectar des fleurs.
Manque de données fiables
D’autres substances néonicotinoïdes telles que le thiaclopride et l’acétamipride, très utilisées sur des cultures fruitières et léguminières, et sur le colza, sont « pointées » négativement par l’Anses, pour leurs risques cancérigènes ou pour leurs effets perturbateurs endocriniens. L’agence souligne toutefois que l’on manque toujours de données scientifiques fiables sur les effets des néonicotinoïdes sur les abeilles et encore plus sur les pollinisateurs sauvages.
L’avis des experts français est rendu public au moment où la Commission européenne est en train de réexaminer la plupart des autorités de mise sur le marché, soit pour des substances actuellement autorisées, soit pour des produits momentanément interdits. Depuis quelques années, la question des pesticides et en particulier des insecticides est devenue extrêmement sensible au sein de l’Union européenne. Les grandes compagnies agro-chimiques et les mouvements pro-environnementaux se livrent un combat juridique et médiatique sans merci. Le jeu des lobbies est d’autant plus intense que la science peine à donner des réponses claires à des questions très complexes.
JC Nathan
Sources : Unaf
Photo : La libre Belgique