L’acidification des océans, une zone d’ombre

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Le réchauffement, via la production élevée de CO2, accroît l’acidification des océans. Cela a de fortes conséquences sur la faune et la flore marines et sur la capacité des océans à fournir une bonne partie de l’oxygène que nous consommons.
 
On ne parle pas beaucoup  d’une des incidences du réchauffement climatique : l’acidification des océans. Depuis toujours, l’océan absorbe du dioxyde de carbone (CO2) en provenance de l’atmosphère  et produit entre 50 et 70% de l’oxygène que nous consommons, via la croissance du phytoplancton. Un phénomène semblable à la photosynthèse opérée par les forêts et au stockage de carbone qui en résulte.
Le dioxyde absorbé par l’océan
Avec l’industrialisation massive et le réchauffement, les émissions anthropiques de CO2 ont considérablement augmenté et l’océan en absorbe des quantités énormes : entre 30 millions de tonnes de CO2 par jour, soit 25 à 30% des émissions humaines de CO2. Dans l’océan, le C02 se dissout et se transforme en acide carbonique. D’où l’acidification des océans.
Atteinte aux coquilles
Cette acidification, entre autres incidences, rend plus soluble le carbonate de calcium (CaCO3), élément clef de la constitution de la coquille et/ou du squelette de divers mollusques, de la formation de corail, phytoplancton, etc. Tous ces êtres marins à coquille vont avoir plus de difficultés à former et entretenir leur coquille et leur squelette. La capacité des poissons à grossir et à se reproduire pourrait être touchée. 
Zones peu oxygénées
L’acidification en portant atteinte à la bonne santé des animaux à coquilles, ainsi qu’à la production du corail, met également en péril une importante partie de la population des poissons.  La multiplication de zones peu oxygénées (zones mortes dites hypoxiques) va impacter une grande partie de la faune marine : homards, crabes, crustacés, mollusques… D’une façon ou d’une autre, c’est l’ensemble de la chaîne alimentaire marine qui pourrait être déstabilisé.
Le niveau de pH a augmenté de 30%
L’ampleur du phénomène inquiète les scientifiques : le niveau de pH est passé de 8,18 à 8,08, ce qui signifie que l’acidité des océans a augmenté de 30% en un siècle. Le danger est que ce phénomène finisse par déstabiliser la production de phytoplancton et donc la capacité de l’océan à produire de l’oxygène.
Déjà, des projections anticipent un niveau de pH de 7,7 – 7,9 à la fin du XXI° siècle. Quel va être l’impact global sur la vie des océans et donc sur une bonne partie de nos ressources alimentaires? Pour l’heure, les scientifiques sont bien en peine pour répondre à cette question.   
JC Nathan
CO2, la mer défoncée à l’acide
Aurore Coulaud et Aude Massiot — 30 août 2018
Photo : © Steeve Comeau