Nourrir la planète et ses 10 milliards d’habitants en 2050, c’est possible. Mais il faut changer de régime alimentaire et de modèle agricole. Un quarantaine de chercheurs dans le monde ébauchent la solution.
Comment nourrir 10 milliards de personnes dans trente ans, alors qu’on ne parvient pas à satisfaire actuellement les besoins de la population actuelle (7,6 milliards de personnes) et que la planète est menacée d’épuisement ? Telle est l’équation qu’ont cherchée à résoudre 37 chercheurs de 16 pays dans le monde.
Un régime plus végétarien
La réponse est simple : il faut changer de régime et de modèle agricole. Il faut tout bêtement passer à un régime plus végétarien, réduire considérablement la part de la viande et des produits laitiers dans notre assiette, doubler la quantité de fruits, légumes, céréales et légumineuses.
Econome en terres, moins polluant
Le nouveau modèle agricole doit absolument être plus économe en terres et moins polluant. Actuellement, l’agriculture représente 30% des émissions de gaz à effet de serre et occupe 40% des terres. Toute la difficulté va consister à nourrir 3 milliards de bouches supplémentaires (soit une population de 10 milliards) sans épuiser la planète et ses ressources en eau.
Réduire le gaspillage
L’une des préconisations est de réduire le gaspillage énorme de denrées alimentaires. Chaque année, 1,3 milliards de tonnes d’aliments sont gaspillées, soit quasiment un tiers de la production alimentaire. Dans les pays occidentaux, les consommateurs sont les principaux responsables. Un Français jette 20 à 30 kilos de nourriture par an en moyenne. Dans les pays en développement, les difficultés d’acheminement, de stockage, de chaîne du froid causent des pertes énormes. Les scientifiques estiment qu’il faut diminuer de 50% ce gaspillage.
Modèle plus végétal
Le rapport des scientifiques publié par la revue The Lancet et la Fondation EAT propose de changer radicalement de modèle avec une baisse très forte de la consommation de viande, ce qui permettra de réduire l’élevage, la part des cultures dédiées à l’alimentation animale, la consommation d’eau…. Le modèle beaucoup plus végétal (fruits, légumes, céréales, légumineuses, oléagineux) doit parvenir à une « intensification durable » en utilisant beaucoup mieux les engrais et l’eau sur l’ensemble des terres cultivées.
43 grammes de viande
Dans l’assiette idéale de 2050, on ne trouverait plus que 43 g de protéines animales (29 g de poulet et volailles, 14 g de boeuf, agneau, porc) mais 28 g de poisson, 75 g de protéines végétales, 50 g de noix, 200 g de produits laitiers, et surtout 300 g de légumes, 200 g de fruits, 230 g de céréales…
2 500 calories, la ration moyenne
On mangerait moins mais mieux : 2500 calories par jour en moyenne. Du coup, hommes et femmes seront en meilleure santé. Actuellement, les risques de mortalité liés aux maladies dues à une mauvaise alimentation (maladies cardio-vasculaires, cancers, diabète…) sont plus élevés que les risques de mortalité liés à la consommation d’alcool, de drogue et de tabac, et aux relations sexuelles non protégées cumulés.
JC Nathan
Sources : Des idées légumineuses pour nourrir la planète.
Aude Massiot, Nelly Didelot. Libération