La vache folle, autrement dit l’encéphalopathie spongiforme bovine, est réapparue en 2016 en France, dans les Ardennes. L’occasion de réexaminer le risque sanitaire chez l’animal et l’homme.
La vache folle ? Ce terme médiatique est utilisé pour désigner l’épidémie d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), contamination provoquée par un agent très pathogène, le prion. En mars 2016, le ministère de l’agriculture avait annoncé un cas suspect dans les Ardennes.
Un cas exceptionnel ou non
Un test réalisé par l’agence sanitaire française, l’Anses, sur une vache de race Salers morte prématurément, s’était avéré positif. D’autres cas ont été observés en Europe ces dernières années, en particulier en Irlande, il y a un an. Le cas de la vache des Ardennes semble avoir été très ponctuel. Mais il rappelle qu’on en a peut-être jamais fini avec le prion. Lire aussi : Vache folle, une affaire en cours
Les farines animales
Dans les années 1980, une épidémie d’encéphalite spongiforme bovine (ESB) atteint le cheptel britannique, décimant 160 000 à 200 000 bêtes. Le gouvernement britannique doit se résoudre à abattre 4,5 millions de bovins. L’Europe et la France sont également menacées. L’épidémie est directement liée à la diffusion de farines animales (farines d’os et de tissus animaux) fabriquées à partir de carcasses d’animaux, dont certaines probablement porteuses du prion.
Les matériaux à risque spécifié
A l’époque, la grande crainte est que la maladie neurodégénérative bovine se transmette à l’homme et provoque une pandémie de maladies de Creutzfeldt-Jakob (MCJ), par suite de la consommation de bœuf contaminé. Finalement, il est prouvé que l’agent pathogène ne peut pas se dissimuler dans la chair du bœuf (les muscles) ou le lait. Ces aliments restent consommables. En revanche, le prion peut se loger dans certains tissus (amygdales, cervelle, moelle épinière, tissus lymphatiques, nerfs…). Ce qu’on a appelé les « matériaux à risque spécifié » (MRS) sont interdits sur le marché européen en 2001.
Les lobbies poussent à oublier
Pour beaucoup de responsables, la crise est affaire du passé. L’élevage français fait tout pour retrouver un statut de pays à faible risque d’ESB afin d’exporter librement ses bêtes et ses produits carnés dans le monde entier. L’industrie agro-alimentaire cherche d’une façon ou d’une autre à réutiliser les farines animales dérivées des carcasses de ruminants. Lire Le retour des farines animales
Certains lobbies poussent même à recommercialiser les fameux MRS « matériaux à risque spécifié ». En face, divers scientifiques tirent la sonnette d’alarme. Ils restent très inquiets quant au risque du prion animal (bovin ou ovin) et son corollaire humain, la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ). Même si la grande crise de la vache folle et son pendant, Creutzfeldt-Jacob, n’ont tué que 200 personnes environ dont une vingtaine en France (loin des centaines de milliers de cas envisagés), la question sanitaire n’est sans doute pas réglée pour autant.
Bernard Duran
Sources : Un cas de vache folle suspecte
Photo : Christian barbier34 www.fond-ecran-image.com