L’Europe tolère la pêche en eau profonde

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chalutierLe parlement européen n’a pas voté le projet de loi visant à interdire la pêche en eaux profondes. La technique dite du chalut de fond risque de continuer à endommager les fonds marins et porter atteinte à des espèces rares.

 

Bonne nouvelle pour quelques armateurs français et espagnols spécialisés dans le chalut profond, mauvaise nouvelle pour les défenseurs de l’environnement comme Bloom, Greenpeace… : le parlement européen s’est opposé le 10 décembre 2013 au projet de loi de la Commission européenne visant à interdire le chalutage en eau profonde  en Atlantique Nord-Est.

 

Une surpêche énorme

 

Pour pratiquer cette pêche, les bateaux descendent jusqu’à 1500 mètres de profondeur d’immenses filets, récoltant au passage plusieurs tonnes de poisson. Mais cela ne va pas sans dommages. Tout d’abord, cette technique génère une surpêche énorme (de l’ordre de 20 à 40% des prises sont immédiatement rejetées à la mer), ç-à-d des poissons capturés pour rien et rejetés morts. Les chaluts capturent des dizaines d’espèces différentes alors que seules trois espèces sont autorisées à la vente : sabre noir, lingue bleue, grenadier … Des dégâts sévères car, dans les océans profonds, les espèces grossissent moins vite et se reproduisent à un âge avancé.

 

L’agression des fonds marins

 

Surtout, les filets lestés de charges de plusieurs tonnes raclent les fonds et endommagent gravement les écosystèmes marins (des coraux vieux de centaines voire de milliers d’années, des éponges…). Les récifs de corail norvégiens et irlandais auraient été dévastés par ces chaluts.

Les armateurs contestent cette accusation et déclarent passer sur des axes bien tracés de fonds de sable sans porter atteinte à la biodiversité. Une position peu crédible pour la la plupart des scientifiques qui tirent la sonnette d’alarme.

 

Une faible part de la pêche européenne

 

Il semble que la balance entre les coûts environnementaux et l’intérêt économique de cette pêche ne soit pas équilibrée.  La pêche en eaux profondes représente une faible part de la pêche totale en Europe : 1,7% des prises européennes, précise Gilles Bœuf, président du Muséum national d’histoire naturelle. Elle profite essentiellement à quelques armateurs français, espagnols, portugais.

Philippe Cury, chercheur à l’Institut pour la recherche et le développement (IRD), estime que « cette pêche n’est pas viable écologiquement » et pas plus sur le plan économique, et qu’elle ne survit que grâce aux subventions.

 

Des quotas fictifs

 

Au passage, le dossier du chalut de fond met en lumière l’incapacité des pouvoirs publics européens à imposer les règles d’un développement durable. Dès 2003, la Commission européenne avait édicté des quotas pour protéger les espèces vivant en eaux profondes (empereur, grenadier, sabre, lingue bleue, mulet noir, grande argentine…). Selon certaines études, les captures réelles opérées en 2012 auraient été trois à quatre fois supérieures aux quotas règlementaires.

 

JC Nathan

 

Crédit photo : Greenpeace

Sources :

www.bloomassociation.org

Mobilisation contre le chalutage en eaux profondes

www.goodplanet.info

La pêche en eaux profondes bientôt interdite? Bruno D. Cot.

www.lexpress.fr