Quels sont les risques générés par des plantes modifiées et rendues tolérantes aux herbicides ? Ils ne sont pas neutres, a répondu l’Anses, l’agence sanitaire française.
Les plantes rendues tolérantes à un herbicide (VRTH) sont des plantes obtenues par sélection variétale traditionnelle ou par mutagénèse (introduction de mutations sur les gènes d’une plante). Le colza et le tournesol en sont deux exemples forts. En France, la culture des plantes transgéniques (OGM) n’est pas autorisée mais en revanche il est possible de cultiver des plantes dont on a modifié le profil génétique, sans introduction d’ADN étranger (méthode des OGM), au moyen de composés mutagènes chimiques ou par irradiation.
Semences de tournesol et de colza
Ce type de plantes modifiées est de plus en plus fréquent dans les semences de tournesol et de colza, modifiées pour « résister » aux pesticides, « être tolérantes ». Or, s’il existe un contrôle vigilant des OGM, il n’y a aucune évaluation et aucun contrôle des plantes obtenues par mutagénèse aléatoire.
Dans le cadre de la législation sur les organismes génétiquement modifiés, les organismes obtenus par mutagénèse sont exemptés d’évaluation et d’autorisation de mise sur le marché, et aucun suivi obligatoire n’existe à ce jour. Depuis quelques années, les associations environnementales, certaines syndicats paysans, et dans leur sillage, les parlementaires français, commencent à alerter le public et l’Etat sur les incidences environnementales de ces plantes et les dangers d’un vide règlementaire.
Risques pour l’environnement, la santé humaine et animale
Selon la Confédération paysanne, l’utilisation de variétés de semences rendues résistantes à un herbicide comporte un risque de dommages importants pour l’environnement ainsi que pour la santé humaine et animale, au même titre que les OGM obtenus par transgenèse.
Risque de contamination et de dérapage
De son côté, l’Anses vient de rendre un rapport prudent mais critique, soulignant les risques de développement de résistances aux herbicides des adventices (mauvaises herbes) par le biais de contaminations diverses. In fine, il y a tout simplement le risque d’augmentation de l’utilisation d’herbicides, risque de dérapage déjà mis en avant dans un rapport Inra-CNRS de 2011.
L’Agence pointe aussi l’absence de traçabilité de l’utilisation de ces semences et donc l’impossibilité d’évaluer les incidences sur le plan agronomique et sanitaire. Elle recommande de mettre en place un dispositif de surveillance de ces plantes.
JC Nathan
Source : www.anses.fr