Anne Ferlay, enrichisseuse de lait

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Anne Ferlay Inra

Anne Ferlay InraAnne Ferlay est chercheuse à l’Inra INRA, UMR1213 Herbivores de Clermont-Ferrand, spécialiste de l’alimentation des herbivores.

 

En diversifiant l’alimentation des vaches laitières, on peut améliorer la qualité nutritionnelle du lait, notamment en acides gras oméga 3 ?

 

Effectivement, on peut accroître la teneur en Acides Gras polyinsaturés (AGPI)  oméga 3 du lait (en particulier, le principal, l’acide alpha-linolénique) en donnant comme aliment en hiver des graines de lin extrudées, riches en acide alpha-linolénique ou des rations à base d’herbe conservée de très bonne qualité. L’herbe jeune pâturée du printemps, lors de la mise à l’herbe (ou celle de l’automne, à la reprise)  augmente aussi la teneur en oméga  3 et en caroténoïdes du lait.

 

De combien peut-on augmenter la teneur du lait en oméga-3 ?

 

La teneur en AGPI du lait est de 3 à 4,5% des AG totaux, dont 0,2 à 1,4% d’oméga-3. En jouant sur les facteurs alimentaires (en particulier l’herbe), on peut accroître la teneur en oméga-3 jusqu’à 1%.

 

Vos travaux montrent qu’on ne peut pas trop jouer sur le levier de l’alimentation en graines de lin ?

 

Un apport excessif de lipides du lin peut diminuer les taux butyreux et protéique du lait, accroître la part des acides gras  trans, dont certains peuvent limiter la synthèse de la matière grasse laitière. On estime que la part dans la ration des lipides de graines de lin extrudées ne doit pas dépasser 2 à 3%.

 

Le lait amélioré grâce à une meilleure alimentation des vaches peut-il apporter les oméga-3 qui manquent à la ration alimentaire des consommateurs ?

 

Le lait peut apporter une catégorie d’acides gras oméga-3 , les oméga-3 à 18 atomes de carbone, mais les meilleurs pour la santé humaine sont les acides gras polyinsaturés à longue chaîne (20 à 22 atomes de carbone) que  l’on trouve dans les poissons gras. Cela étant, il ne faut pas oublier non plus que le lait et les produits laitiers sont parmi les premiers contributeurs en calcium,  et en vitamines, en particulier les formes A, D, B2, B5, et B12.

 

Les éleveurs ont-ils la volonté d’améliorer la qualité du lait ?

 

Si l’on regarde la situation en Auvergne, il y a une volonté affirmée de la filière fromages AOP comme le Saint-Nectaire ou le Cantal, de valoriser l’herbe, pâturée ou conservée, afin d’avoir un lait de qualité et des fromages avec une qualité sensorielle accrue. En règle générale, les éleveurs sont sensibles à ces questions. Ils savent comment procéder mais pour l’instant, le paiement du lait par les groupements et coopératives ne tient pas compte de la teneur en acides gras oméga-3 ou en vitamines. Ils sont donc peu incités dans ce sens.

 

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