On reparle du poulet au chlore, fâcheuse coutume américaine. Celui-ci pourrait profiter un jour des bizarreries du Brexit et repasser, via la Grande-Bretagne et une Irlande plus totalement européenne.
Du poulet au chlore dans notre assiette ? C’est le scénario que certains imaginent au moment où le feuilleton Brexit débouche sur une Europe aux contours incertains, avec notamment une Irlande à double identité, le Sud en Europe, le Nord en Grande-Bretagne, et pas de frontière entre les deux.
Pour l’instant, l’Europe exige des Anglais qu’ils maintiennent les frontières européennes et préservent l’Europe d’un certain nombre de produits ne répondant pas aux normes européennes. A commencer par les poulets au chlore. Mais à l’avenir ?
Pourquoi laver les poulets au chlore ?
Dans les élevages industriels, les poulets sont entassés par dizaines de milliers. Les volailles, nourries pour croître le plus rapidement possible, sans force dans les pattes, sont incapables de se mouvoir. Elles pataugent au sol dans leurs excréments. Non sans risques bactériens. Selon une étude du Département de l’Agriculture des Etats-Unis, environ 25% de la viande de poulet découpée et 50% des poulets hachés sont contaminés par des salmonelles. Afin d’éliminer ces bactéries, les abattoirs nettoient au chlore (ou avec d’autres désinfectants) la viande de poulet. La Commission européenne a interdit l’importation de poulets au chlore et exige un lavage à l’eau.
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Le chlore est-il dangereux pour la santé
Le poulet au chlore est-il dangereux ? On l’accuse d’être potentiellement cancérigène mais la question est loin d’être tranchée et les agences sanitaires ne sont pas très claires. « Les études sur le chlorite, le chlorate (dérivés du chlore) et le dioxyde de chlore ne fournissent pas suffisamment d’information pour que l’on puisse évaluer le potentiel cancérogène de ces composés » énonce Santé Canada.
L’EFSA (autorité sanitaire européenne) estime de son côté que l’exposition alimentaire chronique aux ions perchlorate est potentiellement préoccupante, en particulier pour les consommateurs les plus jeunes.
Second soupçon vis-à-vis du chlore, celui de favoriser la résistance aux antibiotiques, les bactéries s’habituant petit à petit au chlore et se renforçant. Là encore, il ne s’agit que de soupçons et les preuves scientifiques manquent.
Un risque différent
En réalité, le danger du poulet au chlore pourrait être autre que celui imaginé. Discrètement, l’autorité sanitaire a laissé filtrer qu’elle ne pouvait tirer « aucune conclusion sur l’efficacité » du lavage du poulet au chlore dans le traitement contre la salmonelle. Autant dire qu’on peut envisager un beau tollé médiatique si le poulet au chlore entre en Europe via l’Irlande !
JC Nathan
Sources : sante.canada.ca
Photo : Michaela Rehle / Reuters in parismatch.com