Les pauvres mangent moins bien que le reste de la population. C’est un fait avéré peu étudié par les chercheurs et peu mentionné par les médias.
Les pauvres sont les premières victimes de la malbouffe. Au-delà des questions morales que cela pose, la société devrait s’en inquiéter car cela signifie davantage de cas d’obésité et de problèmes de santé, un mal-être et un mal vivre pour des millions de personnes, des soins et une prise en charge coûteuse pour le système social et médical.
Le seuil de pauvreté et le repas
Près de neuf millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté (846 euros après impôts et allocations sociales). Le plus souvent, ce très bas niveau de vie se traduit par une mauvaise alimentation et/ou des restrictions. Selon une des rares grandes études consacrées à cette thématique, 5% de la population n’ont pas les moyens financiers suffisants pour manger de la viande ou du poisson tous les deux jours.
Pas de repas complet
Une partie (2 à 3%) passe certains jours sans prendre un repas complet de la journée pour cause de manque d’argent. En revanche, les privations dans les ménages pauvres concernent les adultes, mais très rarement les enfants.
Moins de laitages, de poisson, de fruits, davantage de graisses…
Sans pouvoir dire s’il s’agit d’une question économique ou culturelle, il apparaît que les personnes pauvres mangent moins de laitages, moins de poisson et moins de fruits et légumes frais que les autres, et davantage de graisses. Rien d’étonnant à ce que la prévalence de l’obésité soit plus élevée dans les familles à très bas revenu. Probablement aussi parce que ces familles consomment davantage de plat et de produits alimentaires industriels transformés.
Obésité et niveau d’éducation
Dans cette tranche de la population, les femmes seraient davantage touchées par l’obésité que les hommes. Souvent les études soulignent le lien entre obésité et niveau d’éducation. L’attention portée au corps, les soins du corps sont souvent déficients.
Recevoir les parents et amis
Les très faibles revenus ont une autre incidence sur les comportements alimentaires. D’une part, les personnes pauvres mangent rarement à l’extérieur. D’autre part, leurs faibles ressources ne leur permettent pas de « recevoir des parents ou des amis, pour boire un verre ou pour un repas, au moins une fois par mois ».
Katrina Lamarthe
Sources : L’alimentation des populations défavorisées en France. Synthèse des travaux
dans les domaines économique, sociologique et nutritionnel.
France Caillavet (Corela-Inra), Nicole Darmon (Uren-Istna – Cnam), Anne Lhuissier (Corela-Inra), Faustine Régnier (Corela-Inra)