SDHI, les pesticides à risques méconnus

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Des  pesticides fongicides ont fait leur apparition depuis une dizaine d’années, à l’origine de sérieux risques pour la santé et pour l’environnement, estiment des scientifiques.

 

 

Une nouvelle génération de pesticides est en train de se généraliser, jugée particulièrement dangereuse par certains scientifiques. Il s’agit des SDHI, « inhibiteurs de la succinate déshydrogénase ». Ce sont des fongicides utilisés contre les champignons qui agressent les cultures et les vergers. Ils sont autorisés en France et dans divers pays européens.

 

 

Inhiber une enzyme

 

 

Ce fongicide a la particularité d’inhiber une enzyme qui participe à la chaîne respiratoire du champignon. Selon divers scientifiques travaillant dans de prestigieux laboratoires et instituts (CNRS, Inserm, Inra…), ce fongicide agirait également sur les enzymes équivalentes chez l’homme, les abeilles, le ver de terre…

 

 

Anomalies épigénétiques

 

 

C’est entre autres le résultat de recherches initiées par Pierre Rustin, directeur de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) spécialiste des maladies mitochondriales (les mitochondries sont des constituants des cellules qui participent à la fourniture d’énergie). Selon lui, les dommages causés à cette enzyme pourraient provoquer des anomalies épigénétiques (modification de l’expression des gènes) favorisant des tumeurs et des cancers.  Des essais sur des rats de laboratoires montrent d’ailleurs des effets cancérogènes sur les animaux.

 

 

Le boscalid, diffusé largement

 

 

Les SDHI existent depuis une quarantaine d’années. Mais les grandes multinationales agrochimiques sont en train de diffuser plus largement ces substances.  Le groupe allemand BASF diffuse à grande échelle le boscalid,  l’un des produits SDHI, largement utilisé sur le blé, l’orge, les fraises, les salades, les pommes, les vignes… Le boscalid serait d’ailleurs l’un des résidus de pesticides les plus fréquemment décelés dans les aliments.

 

 

Molécules inoffensives

 

 

L’Anses, l’autorité sanitaire française estime que les molécules SDHI sont inoffensives. Mais le mode d’évaluation de l’Anses est remis en cause par les scientifiques critiques, notamment pour son incapacité à déceler les désordres épigénétiques causés par des molécules chimiques. Une scientifique résume en substance le hiatus :  « Les tests mesurent la mort cellulaire. Or, les SDHI provoquent une accélération de la prolifération des cellules ».

 

JC Nathan

 

sources : Reporterre

Anses

 

Photo : France 3 Normandie / Image video Marc Moiroud-Musillo