Il y a peu de doute sur le fait que les perturbateurs endocriniens dérèglent le système hormonal et mettent en danger la santé. La voie alimentaire est l’une des sources de la contamination.
Au fil des mois, les effets délétères des substances chimiques dites « perturbateurs endocriniens, dont le bisphénol A (PBA), se confirment. Rappelons que cette substance chimique est suspectée d’induire ou de favoriser de multiples dérèglements : baisse de la fertilité, cancers hormono-dépendants (sein, prostate, testicule), problèmes neurologiques, diabète, obésité….
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L’Anses confirme le danger
En juin dernier, l’Anses, l’autorité française en charge des questions sanitaires, saisie par la ministre de l’écologie, a maintenu sa position alarmiste sur le danger du bisphénol A pour les glandes mammaires et la fertilité en général. A la suite de confrontations et d’échanges divers, l’autorité sanitaire européenne (EFSA), très conservatrice sur ces questions, faisait son mea culpa et divisait par onze la dose journalière tolérée de BPA.
Substance toxique pour la reproduction
Le bisphénol A (PBA) est désormais considéré comme «substance présumée toxique pour la reproduction» par de nombreuses autorités publiques en Europe. La France, même si elle est intervenue tardivement, a donc bien fait d’interdire cette substance chimique utilisée dans les plastiques de contenants alimentaires (biberons, boîtes de conserve, bonbonnes d’eau), dans les tickets de distributeurs de billets et dans divers autres plastiques dits polycarbonates. Lire L’interdiction du bisphénol A, perturbateur endocrinien
Manœuvres dilatoires
On aurait tort de s’en tenir à cette bonne nouvelle. D’une part, parce que le dossier PBA montre qu’il faut de très nombreuses années avant que des mesures sanitaires soient adoptées pour protéger la population. Un ouvrage récent (Intoxication de Stéphane Horel, paru chez La Découverte) décrit les manœuvres dilatoires utilisées par les industriels pour bloquer toute décision politique en leur défaveur.
Des milliers de composés toxiques
D’autre part, parce qu’il y a bien d’autres perturbateurs du système hormonal que le bisphénol : parabènes, phtalates, dioxines… Les perturbateurs endocriniens sont présents dans une multiplicité de produits (médicaments, cosmétiques, emballages, jouets, détergents, peintures, vernis…). Selon Tox 21, un programme de recherche en cours aux Etats-Unis, ce sont des milliers de composés toxiques qui sont en cause, et qui emprunteraient jusqu’à une vingtaine de voies différentes pour nous intoxiquer.
Bernard Duran
Sources : www.anses.fr
www.liberation.fr
Perturbateurs endocriniens : comment les lobbys ont gagné
Eric Favereau — 7 octobre 2015