La résistance des bactéries aux antibiotiques s’accentue en liaison avec les pratiques de l’élevage, comme le prouve une actualité en Chine. Une bonne raison pour manger de la viande bio et encourager un élevage biologique peu consommateur d’antibiotiques.
Les antibiotiques, essentiels à notre protection, sont toujours menacés, comme le prouve la récente découverte en Chine de la résistance de plusieurs bactéries (E. coli, Klebsellia pneumoniae) à des antibiotiques polymyxines (colistine et polymyxine B). La colistine est fortement utilisée dans les élevages chinois. Il semblerait que les bactéries aient acquis un gène capables de les rendre insensibles à la famille des polymyxines, des antibiotiques cruciaux sur le plan médical.
Une résistance très problématique
La résistance à la colistine, utilisée dans une grande proportion d’élevages (Europe, Etats-Unis…) pourrait se développer à l’échelle mondiale, avertissent le professeur Liu Jian-Hua, de l’Université agricole de Canton, et les co-auteurs de l’étude publiée dans la revue The Lancet Infectious Diseases.
Des antibiotiques de dernier recours
Cela pourrait devenir un problème de santé majeur. En matière de santé humaine, les polymyxines dont la colistine, sont utilisés « en dernier recours » – quand les autres antibiotiques n’opèrent plus -, pour les affections respiratoires graves (mucovisidose…). Ce dernier rempart contre l’infection pourrait donc devenir inopérant face à ces bactéries très agressives en train de se renforcer génétiquement.
L’antibiorésistance
L’antibiorésistance est loin d’être un sujet de colloque réservé à un aréopage de spécialistes. C’est au contraire un phénomène critique qui cause en France, chaque année, la mort de 4 000 personnes suite à une infection nosocomiale liée à des bactéries multirésistantes (résistantes à plusieurs antibiotiques) comme le staphylocoque SARM.
Un enjeu majeur de la santé
L’action internationale menée pour diminuer le recours aux antibiotiques dans l’élevage (mais aussi dans la santé humaine) reste donc toujours d’actualité. Lire : La résistance aux antibiotiques : un défi majeur pour les vétérinaires et la médecine
En France, les ventes d’antibiotiques dans l’élevage ont atteint 699 tonnes en 2013. C’est probablement encore trop, surtout lorsqu’il s’agit de céphalosporines de troisième génération ou de fluoroquinolones, des familles d’antibiotiques dits critiques, qui si elles deviennent inopérantes, laissent la médecine sans recours face à des infections graves. Lire Les antibiotiques dans l’élevage, enjeu de santé public
Des efforts au niveau international
Suite à une mobilisation des pouvoirs publics français et européens, on assiste en France à une légère baisse du recours aux antibiotiques (-13% sur deux ans), en ligne avec l’objectif officiel du plan Ecoantibio 2017 d’une réduction de 25% en cinq ans. Mais pour que l’antibiorésistance recule vraiment – et que les familles d’antibiotiques continuent de protéger les hommes contre les bactéries -, il faut que les efforts soient poursuivis à l’échelle européenne et internationale.
Elevage intensif et élevage bio
Il faut surtout que l’élevage intensif dans le monde cesse de recourir massivement à l’usage d’antibiotiques en mode préventif, ce qui participe largement à la montée des résistances. Au niveau individuel, le consommateur peut s’impliquer dans ce combat tout simplement en encourageant l’élevage bio et sa prudence en matière de traitement antibiotique.
JC Nathan
Sources : Des antibiotiques de « dernier recours » menacés par un gène de résistance
http://www.sciencesetavenir.fr
Photo : www.leporc.com