La France a un sérieux problème d’alcool. Celui de ne pas reconnaître qu’un Français sur cinq a un comportement à risque en matière d’alcool.
Avec 11,7 litres d’alcool pur par an par habitant de plus de 15 ans, la France a le triste privilège d’être le troisième pays consommateur d’alcool dans les pays de l’OCDE (derrière la Lituanie et l’Autriche). Les défenseurs de la filière viticole argumentent généralement que la consommation d’alcool était bien plus catastrophique il y a un siècle, et qu’elle n’a cessé de baisser depuis de nombreuses années.
Un Français sur cinq ont un problème d’alcool
En réalité, les chiffres énoncés (des moyennes) cachent une réalité très problématique. Celle des forts consommateurs d’alcool. Si la majorité des Français n’abusent pas de boissons alcoolisés, environ 20% d’entre eux (un sur cinq) ont un « problème » avec l’alcool. En effet, ce sont 10 millions de Français qui consomment 80% de l’alcool vendu.
75 litres d’alcool pur par jour
On peut les classer en deux catégories. 6 millions de personnes consomment 30 litres d’alcool pur par an en moyenne. Cela représente 8,2 unités d’alcool par jour. Plus concrètement, cela fait huit verres de vin, ou encore cinq verres de vin + deux bières + un verre d’alcool fort (whisky, pastis, cognac…).
20 unités d’alcool par jour
Plus inquiétant, une partie de la population, précisément quatre millions de personnes consomment 75 litres d’alcool pur par an en moyenne, soit 20,5 unités d’alcool par jour. Ce sont des alcoolodépendants que la société a fortement tendance à ne pas considérer.
Le vin et l’alcool, second excédent commercial
Autrement résumé, un Français sur cinq est un buveur à risque. Un sur cinq ! Le problème de la France avec l’alcool, c’est que pour des raisons économiques et culturelles, elle refuse obstinément de se confronter à cette grave carence sociale et sanitaire. Le vin fait vivre énormément de personnes en France (on estime à 500 000 emplois directs ou indirects générés par la filière vitivinicole). Le vin représente un énorme poste de la balance commerciale (exportations de vins et d’alcool : 12,9 milliards d’euros, soit le second excédent commercial).
Coût humain d’une drogue légale
Le poids économique et social de la filière explique pourquoi députés, sénateurs, ministres, président de la République, refusent de prendre des mesures pour combattre l’alcoolisme (cf. l’attitude choquante du pouvoir sur le Dry january), voire défont des mesures de prévention de l’alcoolisme (dispositions de la Loi Evin). Des spécialistes (alcoologues, addictologues…) plaident pour que l’Etat adopte des mesures équilibrées qui limiteraient l’encouragement à l’alcool (notamment chez les jeunes) et limitent le coût humain de cette drogue légale.
Katrina Lamarthe
Source : lefigaro.fr