La résistance aux antibiotiques est un grave problème de santé qui concerne les Français mais aussi le monde entier. Il est crucial de tout faire pour limiter et réduire cette résistance. L’alimentation et l’élevage entrent en compte dans cette problématique.
La résistance aux antibiotiques est un danger qui menace la santé de centaines de milliers de personnes en France et dans le monde. L’antibiorésistance, c’est l’apparition de résistances chez les bactéries qui échappent ainsi à l’action des grandes familles d’antibiotiques. L’utilisation massive et intempestive de traitements anti-infectieux, tant chez les humains que pour les animaux d’élevage, a conduit à cette perte d’efficacité progressive de médicaments exceptionnels.
Le coût de l’antibiorésistance
L’antibiorésistance est la cause en France de plus 5 500 décès en 2019. Dans le monde, cette même année, on a atteint 1,3 millions de décès par an soit plus que le sida (860 000 décès) et le paludisme (qui ont causé respectivement 860 000 et 640 décès la même année). On parle de 10 millions de morts en 2050.
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Souches multirésistantes
Il existe plusieurs familles d’antibiotiques capables de s’attaquer à diverses familles de bactéries, par exemple, Escherichia coli dans les voies digestives et urinaires, pneumocoques ou Haemophilus influenzae dans les voies respiratoires, staphylocoques ou streptocoques sur la peau ou la sphère ORL. L’usage de ces médicaments crée une sélection chez les bactéries, entraînant l’apparition de souches résistantes.
Certaines souches deviennent multirésistantes, c’est-à-dire résistantes à plusieurs familles d’antibiotiques. Si aucune famille d’antibiotiques ne fonctionne, c’est l’impasse thérapeutique. A l’hôpital, on redoute le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) résistant à la méticilline.
Une barrière médicale vitale
Il faut comprendre que les antibiotiques, depuis l’invention de la pénicilline, jouent un rôle central pour nous protéger de multiples infections. Si cette barrière de protection médicale tombait, il deviendrait impossible de pratiquer certains gestes médicaux (chirurgie complexe, greffes d’organes, néonatalogie, réanimation), et les gens pourraient décéder pour des causes jusque là anodines.
Nouvelles résistances
Lorsque la résistance s’est développée chez l’une ou l’autre de ces espèces bactériennes, elle peut se diffuser vers d’autres familles de bactéries. Pour cette raison, la résistance aux antibiotiques apparue chez les animaux peut se transmettre chez l’homme et créer de nouvelles résistances.
L’élevage porte une lourde responsabilité dans cette situation dégradée. Plus de la moitié des antibiotiques produits dans le monde sont destinés aux animaux. Les éleveurs ont longtemps abusé du recours à ces traitements, comme aux Etats-Unis où on les utilise encore comme facteurs de croissance.
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Face à cette menace sur la santé, la communauté internationale s’est mobilisée. C’est l’un des dossiers urgents de l’OMS avec son programme One Health (Une seule santé).
JC Nathan
Sources : solidarités-sante.gouv.fr
inserm