L’obésité, le cerveau et les habitudes

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Une étude de l’Inrae en 2023 a montré que les habitudes alimentaires modifiaient le fonctionnement du cerveau et pouvaient favoriser l’obésité.

 

 

L’obésité, le cerveau et les habitudes alimentaires. Un trio apparemment. Les habitudes alimentaires, en particulier la consommation d’aliments plus ou moins gras, plus ou moins sucrés, parfois dès le plus jeune âge, pourraient modifier des processus du cerveau en matière de circuit de récompense et de prise de décision. C’est ce qu’a mis en évidence en 2023 une équipe Inrae de l’UMR NumeCan Rennes.

 

Le choix entre deux plats

 

L’étude s’appuie sur l’observation d’un échantillon d’une cinquantaine d’étudiantes de 18 à 24 ans, d’un poids normal et sans pathologie. Celles-ci ont été confrontées à des paires d’images de plats, l’un plus calorique (plus appétent) que l’autre. Chaque étudiante devait choisir ce qu’elle allait prendre à midi. Autrement dit, ces jeunes femmes devaient décider si elles privilégiaient le plaisir (la récompense) ou la raison (manger plus sainement). Rapidement, deux profils émergeaient, les unes plus hédonistes, les autres plus soucieuses de la question de la santé.

 

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Zone cognitive et zone de plaisir

 

L’étude (un suivi par IRM des patientes) a montré qu’une consommation plus fréquente d’aliments gras, sucrés, salés et/ou transformés impliquait progressivement un fonctionnement différent de la zone cognitive et de la zone du plaisir, et aussi une communication moindre entre ces zones. Petit à petit, le cerveau (dont les zones neuronales sont plastiques) est de plus en plus laxiste et de moins en moins apte à faire primer la raison diététique. Si cette découverte est confirmée, cela signifie que le choix des bons ou mauvais aliments ne repose pas uniquement sur la volonté. Toutes les personnes, en fonction de leur histoire, n’auraient pas la même capacité mentale de bien s’alimenter.

 

Altération du fonctionnement du cerveau

 

Une étude menée sur des mini porcs donne des résultats similaires et complémentaires : « Au fil du temps, chez le mini porc, la consommation d’aliments gras, salés et transformés engendre une altération du fonctionnement de leur cerveau, notamment dans la zone du cortex préfrontal, impliqué dans le contrôle cognitif de l’alimentation » a expliqué le chercheur Inrae, David Val-Laillet, neurobiologiste à l’UMR NuMeCan, Rennes.

D’autres travaux complémentaires mettent en évidence le rôle de pulsions inconscientes incitant à consommer des produits gras et sucrés (aliments dits obésogènes).

 

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Katrina Lamarthe

 

Sources : Inrae. L’impact des habitudes alimentaires sur le cerveau

Inrae. Que sait-on sur l’obésité