Issues des moisissures, des substances toxiques dénommées mycotoxines, menacent les cultures dans le monde entier et font peser un risque sanitaire permanent.
Mycotoxines, du grec mycos (champignon) et du latin toxicum (poison). Bien peu de personnes connaissent l’existence de cette catégorie de toxines. Pourtant, une grande partie de notre alimentation, en particulier les céréales (blé, orge, maïs, sorgho…), les fruits secs, présente le risque d’être contaminée par ces métabolites spécialisés produits par des champignons filamenteux (ou moisissures).
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Dans les régions chaudes et humides
Ces contaminants très spécifiques ont été découverts dans les années 1960. Ils peuvent être toxiques pour les animaux, pour les hommes et rendre impropres à la consommation des pans entiers de cultures céréalières, de café, de cacao, de fruits secs… Les moisissures incriminées sont très répandues dans les régions chaudes et humides (climat tropical). Il s’agit d’un problème essentiel de santé publique, essentiellement identifé par les spécialistes.
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Trois à cinq millions d’espèces fongiques
On recense pas moins de trois à cinq millions d’espèces fongiques, et chaque espèce peut synthétiser 30 à 60 familles de métabolites ! Soit un nombre « astronomique » de métabolites. Les chercheurs focalisent leur attention sur les moisissures les plus connues et les plus répandues, des genres Aspergillus, Fusarium et Penicillium. Celles-ci donnent naissance à une grande diversité de mycotoxines. Parmi les plus connues, citons les aflatoxines, ochratoxines, patuline, zéaralénon, fumonisines, alcaloïdes de l’ergot…. La toxicité de ces composés est particulièrement élevée et les règlementations fixent des limites à quelques microgrammes par kilogramme.
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Plus de 500 millions de personnes en danger
Dans les pays avancés, les règlementations sanitaires et les systèmes de traçabilité réduisent fortement le risque de présence de mycotoxines dans les aliments à des niveaux dangereux. En France, la direction générale de l’alimentation (DGAL) pilote des plans de surveillance et de contrôle de ce type de risques sanitaires. En revanche, les populations de pays moins développés comme en Afrique sont beaucoup plus exposées. L’OMS estime que plus de 500 millions de personnes, principalement en Afrique subsaharienne, sont exposées à des niveaux dangereux. Les scientifiques craignent que le changement climatique, avec l’alternance d’épisodes de sècheresse et de précipitations, accroissent les risques liés aux mycotoxines.
L’effet cocktail des mycotoxines
Autre préoccupation pour les scientifiques, l’existence de mycotoxines dites émergentes ou non réglementées (en majorité issues du genre Fusarium), mal prises en compte par les autorités sanitaires. La question des mélanges de mycotoxines (entre mycotoxines ou avec d’autres contaminants comme les pesticides…) est une autre et nouvelle source de préoccupation. C’est le fameux effet cocktail qu’on évalue mal pour l’instant.
JC Nathan
Source : The Conversation
Les mycotoxines. Connaissances actuelles et futurs enjeux